KOLTCHAK, ARCHIVES FAMILIALES INÉDITES


Publié par Drouot

Alexandre Vassilievitch Koltchak, personnalité majeure de l’histoire russe du début du XXe siècle, a laissé des archives qui éclairent l’histoire trouble de la Russie des années 1910-1920.

La vie d’Alexandre Koltchak est digne d’une épopée cinématographqiue. Serait-il né américain, il aurait pu avoir les honneurs du grand écran... De savant à gentleman dictateur, son destin épouse les aléas de l’histoire russe des derniers soubresauts de l’empire aux années mouvantes de l’après Révolution d’octobre 1917, rejoignant la cause des Blancs, bataillant à travers le territoire russe. L’ensemble des archives conservées par sa famille, recevait plus de 3 M€ de la part d’acheteurs à 100 % russes. Lorsque les lots proposés sont inédits et, de plus, historiquement intéressants, les acquéreurs sont au rendez-vous. Alexandre Vasselevitch Koltchak (1874-1920), né dans une famille d’officiers, enseigne de vaisseau à 19 ans, est décoré de la croix de Saint-Georges par Nicolas II, devient membre de état-major de la marine à 31 ans, quelques mois avant d’accéder au grade de contre-amiral, puis de devenir le plus jeune vice-amiral que la Russie ait jamais connu, poursuivant au sein de la marine impériale une carrière de un savant océanographe, spécialiste de l’Arctique., participant notamment à l’expédition Eduard von Toll dans l’archipel de la Nouvelle-Sibérie. De retour de cette mission longue, de 1900 à 1902, apprenant que des compagnons sont bloqués par la glace, il repart les sauver en traîneau et embarcation, guidé par des chasseurs de morse. Courageux on le voit, il est aussi un excellent stratège. Ayant constaté toutes les déficiences du commandement russe lors de la guerre russo-japonaise, où il fut fait prisonnier, il est appelé par le gouvernement Kerenski pour restructurer l’état-major. La prose de pouvoir des Soviets en pleine conflit avec les puissances de l’Axe désorganise un peu plus l’armée. Fin 1917, Koltchak se rend en Asie pour obtenir la protection des Britanniques, qui lui suggèrent de rejoindre Omsk, où siège le gouvernement provisoire, pour devenir en novembre 1918 ministre de la Guerre d’une coalition de libéraux et de socialistes. Il  se proclame « dirigeant suprême de l’État russe », avec l’appui des puissances internationales. Cela ne durera qu’un temps. Malgré ses succès militaires en Sibérie, il sera trahi par des légionnaires tchèques qui l’échangent contre du charbon. Emprisonné et jugé à Irkoutsk, Koltchak est exécuté le 7 février 1920, sur ordre de Lénine. Au plus fort de la guerre civile, il s’était installé avec sa famille à Paris. Ménage de convention, il vit et voyage avec sa maîtresse. Restent les longues lettres à son épouse Sophie Fedorovna Omirova (1876-1956), ; peu sentimentales, elles fourmillent de détails sur l’armée, sur sa idées stratégiques. Ses archives et documents conservés par sa famille ont été confiés à la vente aux enchères par ses héritiers. De l’acte de nomination à l’ordre de Saint-Georges, signé par Nicolas II (211 200 € à la lettre de deux pages d’un témoin de son exécution adressée à son épouse (32 000 €), on retient les lettres et la déclaration d’Omsk, le 23 février 1919 (89 000 € ; Alexandre Koltchak y affirme : « Le temps où le gouvernement pouvait diriger sans tenir compte de l’opinion publique est révolu » ...


Alexandre Vassilievitch Koltchak.
Photographie de l’amiral en chef suprême de l’État russe, 20 x 15 cm.

24 320 €. Paris, 21 novembre 2019. M. Birr.
TESSIER & SARROU ET ASSOCIÉS.