Le Sud en majesté


Publié par la Gazette Drouot

C’est vers 1897 qu’Armand Guillaumin peint cette vue de la baie d’Agay, dans le Midi, dont la palette annonce celle des fauves.

Né à Paris dans une famille originaire du Bourbonnais, où il passa ses vacances, Guillaumin intègre l’Académie suisse en 1860. Il y fait la connaissance de Camille Pissarro. Ensemble, ils travaillent à Pontoise et partagent le même amour du paysage. En 1874, il participe à la première exposition impressionniste. Guillaumin en sera le dernier survivant, et peut-être le moins connu. Nombreux en revanche sont ses tableaux sous le marteau : des vues de la région parisienne, mais surtout de la Creuse et de l’Esterel, aux accords non conventionnels de vert, de violet et d’orange et au style énergique. Huysmans le qualifiera de « coloriste féroce », lui-même affirmait être « incapable de donner une touche ailleurs que sur nature ». À la fin du XIXe siècle, un important gain à la loterie lui permet de se consacrer pleinement à sa passion : la peinture. Il séjourne régulièrement à Crozant, petit village de la Creuse, et se rend à plusieurs reprises sur la Côte d’Azur, à Agay notamment, aux côtés du peintre Victor-Ferdinand Bourgeois. Des bords de mer d’un bleu profond, animés de voiliers, des perspectives s’ouvrant par des chemins tortueux, des arbres aux silhouettes sculptées par le vent, des porphyres volcaniques d’un rouge flamboyant… Peintres et écrivains ne s’y sont pas trompés qui les ont sublimés.