Chevauchée fantastique


Publié par la Gazette Drouot

S’il est un thème emblématique chez Jean Dunand, c’est celui de la conquête du cheval, dont un panneau révèle les talents de graveur, sculpteur et laqueur.

Conservé dans une collection parisienne, il a appartenu à Madame Agnès. Célèbre modiste des années 1920 à 1940, amie de Cécile Sorel et Mistinguett, Agnès Rittener est l’une des premières à demander à Dunand des conseils pour des décorations de tissus et de chapeaux, dont certains seront ornés de laque et de coquille d’œuf. Notre panneau met en scène quatre chevaux au grand galop, crinière au vent, tentant d’échapper au lasso de leurs poursuivants. Il n’est pas daté mais fait partie des nombreuses versions, laquées ou dorées, que l’artiste suisse réalisa et dont il fit cadeau à des personnalités ou à des collaborateurs, ou qu’il commercialisa directement, une empreinte en métal estampé permettant de les reproduire par simple moulage. C’est en 1935, à l’occasion du lancement du paquebot Normandie, que ce sujet apparaît dans son travail. L’aménagement intérieur est confié à des artistes qui ont connu le succès à l’Exposition internationale de 1925. Jean Dunand est l’un des premiers désignés. Pour le grand salon, il réalise Le Char de l’Aurore, d’après un dessin de Jean-Théodore Dupas, mais également les 1 200 m2 de panneaux du fumoir. Une année de travail sera nécessaire pour cette œuvre gigantesque dont le thème illustre les jeux et les joies de l’homme. Cinq compositions voient le jour : Les Sports, La Pêche, La Chasse, Les Vendanges et La Conquête du cheval…
Le symbole de l’homme domptant la nature, à l’image du gigantesque paquebot, fruit de la maîtrise technologique de l’homme, dominant la mer.