ALEXANDRE NOLL


Comment réalise t'il ses créations ?

Je pense qu'il ne faut pas trop attendre de lui des procédés traditionnels. Sans doute l'atelier où il oeuvre avec ses filles se rapproche t'il en quelque sorte manière de ceux du tabletier et du sculpteur sur bois. Le même outillage y concourt aux mêmes fins. Noll dégrossit les pièces à la scie, puis il les creuse, les taille, les affine à la gouge.
Il emploie le papier de verre et le tampon pour les polir.
Alexandre Noll multiplie les effet en laissant, ici, paraître l'écorce, en polissant, ailleurs, une surface.
La forme ? Elle n'a pas une moindre part dans ses recherches. Les rythmes inusités, les harmonies imprévues, surprenantes qu'il affectionne, d'où l'inspiration lui en vient-elle? On ne peut guère douter qu'il ne tienne compte, au moins en partie, des particularités mêmes de la matière qu'il met en oeuvre. La coupe du bois, ses accidents, un noeud, une blessure, le mouvement des veines influent certainement sur sa décision. Il est difficile de nier le rôle du hasard dans de tels ouvrages.
A l'artiste d'en faire son profil.
Mais on est bien forcé aussi d'admettre une idée première, à l'origine de la composition. Elle existe évidemment chez Noll.
Dans la pénombre de son subconscient naïf une image. Elle se précise à la lumière de son esprit.
Et c'est alors que, la proposition précédente se retournant, il choisit, avec ses particularités, ses défauts, ses accidents, la pièce de bois qui lui permettra de réaliser cette image.
Or, les odeurs de Noll, même pratiquement utilisables, ne rappellent jamais que de très loin par leurs formes les objets fabriqués. Asymétriques, irrégulières dans leur épaisseur est dans leur surface, elles font plutôt penser à des phénomènes naturels. Non point qu'elles imitent la nature. Elles la suggèrent, elles la résument, elles la synthétisent. Voila sans doute le dessein profond de Noll et voila ce qui prête tant d'attrait à ses créations.
En plus de qualités plastiques qui suscitent souvent le toucher aussi bien que la vue, il y a en elles un pouvoir d'évocation. Dans nos intérieurs citadins, elles apportent un peu de la vie mystérieuse des arbres, comme un appel à la forêt.
René Chavance (Art et Décoration, juin 1938)

« Je ne tue pas le bois, je lui obéis. Suivant docilement ses contours, ses noeuds, les moindres accidents de ses veines, j'en tire une oeuvre inspirée par la nature même... »
Alexandre Noll