La nouvelle vague des commissaires-priseurs


Publié par Connaissance des Arts

Modernisation de Drouot, regroupements ponctuels, représentation à l'étranger : les jeunes commissaires-priseurs veulent redorer le blason des enchères françaises.

Et si la jeunesse allait sauver le soldat Drouot ? La nouvelle génération de commissaires-priseurs est en marche. « Fils de » ou extérieurs au cénacle, ils croient au marché français et défendent bec et ongles l’Hôtel des ventes parisien. « Il faut arrêter de se flageller. Certes, le marché est compliqué, mais c’est à nous de trouver les solutions », scande Charles-Édouard Delettrez, 28 ans, benjamin des commissaires-priseurs parisiens et fils du patron de Drouot. Pour tous, il s’agit d’être réactifs afin de remettre la place de Paris au centre du marché mondial de l’art. Comment s’en donner les moyens, avec en arrière-plan une fiscalité qu’ils jugent trop lourde ? Doivent-ils se regrouper ? Le regroupement pourrait être ponctuel, explique Alexandre Ferri : « Nos plus beaux objets d’une spécialité pourraient être vendus ensemble, à l’occasion de la semaine asiatique, par exemple ». Rodolphe Tessier, lui, va plus loin en évoquant, pour plus de compétitivité, « une mutualisation ponctuelle des sociétés de ventes, regroupant services, communications, transports… pour des ventes haut de gamme ».
De son côté, la province a bien avancé. Clément Schintgen, 29 ans, officie à Lyon. « Nous sommes pour le regroupement, dit-il. Nous faisons d’ailleurs partie des membres fondateurs du groupe Ivoire, qui réunit douze études à travers la France ». Tous s’accordent sur la nécessité d’une communication plus forte. Internet joue déjà un rôle important avec la création de Drouot Live, mise en ligne des ventes offrant la possibilité d’enchérir en direct. Bilan : l’augmentation de 20 % à 50 % des acheteurs étrangers. « Drouot s’internationalise avec les réseaux sociaux », souligne Elie Morhange.
Quid encore de bureaux représentant Drouot à l’étranger ? « On en parle depuis quinze ans », s’amuse Rodolphe Tessier. « Pourquoi pas, rétorque Charles-Édouard Delettrez, mais en deux temps : d’abord des bureaux d’estimations pour rapatrier des objets en France, puis des ventes à l’étranger. »

Drouot en première ligne
Beaucoup préfèrent jouer la carte de Drouot Paris et souhaitent mieux exploiter le « 12 rue Drouot », par des expositions, des rencontres. « Nous avons Drouot Formation ; je milite pour qu’il y ait plus de ponts entre ce service et le grand public, avec des conférences par exemple », souligne Alexandre Ferri, membre du conseil d’administration de Drouot. Et le paquebot Drouot ? « C’est un endroit unique au monde. Dans un premier temps, continuons à moderniser le lieu », propose Aurore Pommery. Suivie par Hubert l’Huillier, installé à Paris depuis six mois : « J’ai envie de protéger mon outil de travail ». La modernisation est en marche, analyse Brice Pescheteau-Badin, membre du conseil de surveillance de Drouot comme Rodolphe Tessier : « Depuis cette rentrée, nous pouvons exposer une journée de plus, faire des ventes en nocturne de 19 h à 21h et profiter de ce créneau horaire pour organiser des cocktails. La salle 9 devient une salle “ pilote ” où tout est possible. Deux nouvelles salles, les 14 et 15, peuvent être réunies ». Drouot est poussé par l’enthousiasme de la jeunesse, comme celui de Charlotte Van Gaver : « C’est à nous d’agir. Nous recréons un esprit d’entreprise ».