COPIES ANNOTÉES OU PAROLES SANS MUSIQUE ?


Publié par la Gazette Drouot

Pour débuter une collection, les compositeurs français de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle semblent tout indiqués : leurs partitions, rencontrées couramment aux détours des ventes spécialisées, s’échangent pour quelques milliers d’euros. Les merveilleux Chants d’Auvergne de Joseph Canteloube, dans leur version manuscrite, étaient adjugés 5 002 € par Alde le 17 juin 2016, alors que le manuscrit de son opéra Le Mas, achevé en 1913, s’élevait jusqu’à 6 250 € le 29 novembre chez Ader. Cher au cœur de Marcel Proust, Reynaldo Hahn, compositeur d’innombrables mélodies, est aussi le créateur de Nausicaa, opéra de 81 pages acquises pour 1 375 € lors de cette même session. Autre domaine à explorer par les passionnés : les copies anciennes destinées aux exécutants, tout particulièrement aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ainsi, comme a pu le rappeler la spécialiste Catherine Massip, « il n’existe aucun manuscrit autographe de la main de Jean-Baptiste Lully ». Mais, de nombreuses répliques contemporaines du maître réapparaissent, issues de deux ateliers de copistes, l’un versaillais et l’autre parisien. Une version de Phaéton, remportait 2 962 € le 18 juin 2014 chez Pierre Bergé & Associés. Bien entendu, il s’agit d’une tout autre musique lorsque ces copies portent des annotations de leur auteur. Une copie par l’un de ses assistants d’une partition de Ludwig van Beethoven était propulsée à 70 000 € le 17 mai 2006 à Paris, sous le marteau de Gros & Delettrez : le document reproduisait les deuxième et troisième mouvements de la Sonate n° 26, aussi intitulée Les Adieux de 1810 ; précisons surtout qu’elle comportait des corrections apportées par le compositeur rhénan, mais aussi une dédicace, signée, à l’archiduc Rodolphe.
Enfin, parfois ce ne sont pas les notes qui s’envolent le plus haut, ce sont les paroles qui les accompagnent ! En témoigne un précieux feuillet portant, de la main de Claude-Joseph Rouget de Lisle lui-même, le premier couplet et le refrain du chant de La Marseillaise. Ces quelques mots tracés vers 1792 remportaient un franc succès et... 237 930 €, par l’entremise de la maison Néret-Minet, Tessier & Sarrou, le 15 novembre 2012.


Adjugé 237 930 €
Claude-Joseph ROUGET DE LISLE [Lons-le-Saulnier, 1760 - Choisy-le-Roi, 1836]
Officier et compositeur français, auteur de La Marseillaise
Pièce autographe signée. 1 page in-8°. Premier couplet et refrain de la Marseillaise écrit par son auteur. A noter d'infimes variantes avec le texte connu de nos jours.
« Allons enfants de la Patrie! Le jour de gloire est arrivé. Contre nous de la tyrannie L'étendard sanglant est levé. Entendez-vous dans les campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans nos bras Égorger nos fils, nos compagnes !... Aux armes, citoyens ! formez vos bataillons ; marchez, qu'un sang impur abreuve nos sillons ! R.L. J'eusse bien désiré vous envoyer les autres strophes ; mais ces caractères informes, tracés bien lentement, bien péniblement vous expliquent la raison de ma parcimonie. »