Hans HARTUNG


- Que se passe-t-il au moment où vous allez peindre ?
- Ou que je termine...Au moment où deux traits sont réussis, ou un seul trait est réussi, je m’arrête. Voyez l’affiche de Sophia Antipolis, il n’y a qu’un trait.
- A quel moment la toile est-elle finie ? Quand le trait est-il bon ?
- Ah ça ! Réussi ? Quand il exprime suffisamment. Quand son expression est complète. Ou un départ pour des complications, pour des choses autres qui se mêlent, qui se contredisent, se bataillent.
- Pensez-vous qu’il y a un rapport entre votre peinture et la géométrie ou les mathématiques ?
- La géométrie dans le sens où elle a une valeur esthétique. Par exemple le « goldene schnitt », la section d’or, qui m’a beaucoup intéressé à un moment parce que je voulais voir s’il n’existait pas quelque part une loi, quelque chose de positif, de strict. La seule chose que j’ai trouvé c’était ça que j’ai développé pour moi-même, pour la couleur, pour ci, pour ça.
Mon père voulait m’envoyer au Bauhaus. J’ai dit : je ne veux pas. J’ai vu la peinture de Kandinsky. Elle est très bonne. Mais ce n’est pas du tout ce que je veux. Là c’était géométrie chez Kandinsky : il a fait géométrie, puis encore géométrie.

Extrait de l’entretien entre Jean Crozier et Hans Hartung en 1985