Les archives Koltchak : Une page de l’histoire russe bien tournée

Publié par la Gazette Drouot

Les documents provenant de la famille de cet amiral et chef des armées blanches ont brillé sous le feu des enchères.

La maison de ventes était confiante sur l’intérêt historique de cette dispersion, avec raison puisque l’ensemble des archives provenant d’Alexandre Vassilievitch Koltchak (1874-1920), précieusement conservées par sa famille, recevait plus de 3 M€ de la part d’acheteurs à 100 % russes. La figure de ce fidèle officier tsariste, promu général en chef de l’armée blanche et dont le parcours conserve des zones d’ombre éclaircies au compte-goutte par le Kremlin (voir l’Événement de la Gazette n° 39 du 15 novembre, page 15), passionne du côté de la grande Russie. Et même si nombre de documents sont d’ordre privé, ils apportent une nouvelle lumière sur un homme qui aurait pu changer le cours de l’histoire.
Les estimations ont été pulvérisées, ce qui est à noter car rare à un tel niveau et sur un tel ensemble. De quelques milliers, elles ont atteint allègrement quelques dizaines de milliers d’euros et, pour l’acte de nomination de Koltchak dans l’ordre de Saint-Georges par le tsar Nicolas II, ont culminé à 211 200 €. Plébiscite aussi pour la série de lettres envoyées à son épouse Sophie Feodorovna (1876-1956), qui, à partir de son exil, devient sa confidente. Dans celle adressée d’Omsk le 20 octobre 1919, l’amiral plein d’optimisme, ou voulant le faire croire, exprime sa confiance dans la victoire prochaine de son camp (120 320 €. Quelques jours auparavant, le 15 octobre, il avait pourtant évoqué un conflit long et difficile (89 600 €) et, le 12 novembre, sera obligé d’évacuer son gouvernement. Échangé contre du charbon par des mercenaires tchèques, il sera fusillé sur ordre de Lénine le 7 février 1920. C’est un témoin de la scène, Palavine, qui l’apprend dans un courrier (32 000 € la missive de deux pages) à son épouse, ne lui épargnant aucun détail de l’exécution. Les enchères, quant à elles, se poursuivaient au son de trompettes victorieuses. 128 000 € revenaient ainsi à un tapuscrit ordonné le 12 avril 1917, alors qu’il était encore commandant en chef de la Marine, et 89 600 € à une pièce rarissime. Il s’agit de la déclaration, depuis le siège du pouvoir à Omsk le 23 février 1919, dans laquelle Alexandre Vassilievitch Koltchak affirma : « Le temps où le gouvernement pouvait diriger sans tenir compte de l’opinion publique est révolu. La nouvelle Russie sera fondée sur l’union du gouvernement et du peuple ».
Un vœu pieux...