Quand le Japon s’inspire de la Chine

Publié par la Gazette Drouot

De forme rectangulaire, ce bunko, ou boîte à documents, en laque d’époque XVIIIe est aussi utile que raffiné.

Plusieurs techniques de laque sont employées ici pour sublimer le décor des quatre dormeurs. Ceux-ci sont réalisés en grès émaillé se détachant sur un fond ro-iro, de couleur noire extrêmement brillante. L’intérieur, habillé de laque nashiji, se distingue par ses paillettes irrégulières d’or et d’argent, réalisées une par une à l’aide d’une fine tige en bambou ou d’une aiguille. Bunkan Zenshi, prêtre du VIIe siècle, est accompagné de son tigre endormi, un éventail posé contre ses flancs, ainsi que de Kanzan et Jittoku, deux moines bouddhistes très célèbres. Le premier est représenté avec un rouleau calligraphié à ses pieds (allusion à ses activités de poète et à la connaissance qu’il faut acquérir) ; le second avec un balai, symbole de la connaissance dont il convient également de se débarrasser. Le précieux objet est signé Ritsuo, l’un des principaux maîtres laqueurs de la fin du XVIIe siècle et du début du suivant, suivi des sceaux «Kan» et «Naoyuki» en céramique verte. Promis à une carrière de samouraï, Ritsuo y renonce afin de se consacrer à l’art. Artiste complet, il étudie avec les plus grands maîtres : la peinture avec Hanabusa Itcho, la poésie avec Basho, la céramique avec Ogata Kensan. Il commence sa carrière de laqueur à l’âge de 50 ans, et se voit appelé en 1723 à travailler pour le daimyo Tsugaru Nobuhisa. Ritsuo fut le premier à employer différents matériaux sur un même objet, s’inspirant des techniques d’incrustations chinoises développées sous les Ming.