René Huyghe ou la collection d’un académicien

Publié par la Gazette Drouot

L’épée d’académicien du grand historien de l’art entre par préemption au musée Zadkine, dessins et souvenirs de sa collection demeurant en mains privées.

Point n’est besoin de revenir ici sur le parcours de René Huyghe (1906-1997), conservateur du Louvre et du musée Jacquemart-André, académicien et membre du Collège de France – l’article de la Gazette no 21 du 31 mai, en page 57, l’a relaté. Cet honnête homme du XXe siècle avait réuni un ensemble à son image, témoignage de l’histoire qui le passionnait et de sa curiosité inépuisable.
Dispersé, celui-ci totalisait la somme de 416 040 €.

Les livres étaient les premiers à recevoir les hommages des amateurs : 13 970 € pour un exemplaire de La Bible parue aux éditions Verve en 1956, illustrée de dessins de Marc Chagall, et 39 370 € pour un petit ouvrage d’Yves Klein, sobrement intitulé Yves, peintures et imprimé en 1954 à Madrid à seulement 150 exemplaires. Petite déception en revanche pour les manuscrits, et notamment la longue correspondance de deux cents lettres autographes échangées avec Germain Bazin (1901-1990) – conservateur au département des peintures du musée du Louvre durant la Seconde Guerre mondiale –, ainsi que le Journal de Montal, rédigé entre le 27 avril 1943 et le 30 mai 1944. Ces documents n’étaient pas acquis, alors que l’on aurait aimé qu’ils le soient par une institution nationale. La seule préemption de la journée se portait sur l’épée d’académicien, à monture en bronze doré, réalisée par Ossip Zadkine (1890- 1967) pour la réception de René Huyghe le 22 avril 1961 : elle était de 10 160 €. Le conservateur considérait Zadkine comme le plus grand sculpteur de son temps. Il était donc logique qu’il lui confie la commande de cet objet rituel, et tout aussi justement, cette épée rejoint les collections du musée de l’artiste, sis dans sa demeure-atelier parisienne, rue d’Assas. L’habit en drap et velours noir brodé de rameaux d’olivier de l’immortel, confectionné par la maison Lanvin, recevait pour sa part 12 700 €.
Parmi les pièces les plus attendues figurait le Portrait d’homme de Claude Mellan (1598-1688). L’œuvre obtenait un résultat à la hauteur de 39 370 €. Il s’agit presque d’une miniature, dont la petite dimension n’enlève cependant rien à la force du visage représenté. Quant à la « vraie » miniature, persane celle-ci, page d’un exemplaire du Shah Namehreprésentant Zahhak prisonnier amené devant Faridun, exécutée vers 1600 en Iran – à Chiraz ou Qazvin –, elle était reçue à 2 794 €.