Collection d’un ancien diplomate à Pékin

Publié par la Gazette Drouot

Robert, comte de Semallé, fut envoyé à Pékin en qualité de secrétaire d’ambassade en 1880 ; il y restera quatre années pendant lesquelles cet homme de goût réunira documents et œuvres d’art. Mais aura aussi assuré une intense activité diplomatique ; en effet, l’année suivante, la France prend le contrôle du fleuve Rouge, reliant Hanoï au Yunnan, dans le sud de la Chine. En 1885, la dynastie Qing reconnaît le protectorat français sur l’Annam et le Tonkin. Son livre de souvenirs, Quatre ans à Pékin. Le Tonkin, paraît en 1933. La ville chinoise est encore marquée par les destructions dues à la seconde guerre de l’opium, lorsque les forces françaises et britanniques pillent et incendient, le 18 octobre 1860, le Yuan Ming Yuan, cette enceinte de palais et jardins cinq fois plus grande que la Cité interdite. Une partie de sa collection passe à sa fille, Adrienne de Semallé (1892-1976), qui épouse Louis Affre de Saint-Rome (1883-1960), puis à leurs descendants. Un album de quatorze photographies d’Ernst Ohlmer, annotées par le diplomate, montrent les portes, pavillons, ailes de palais et fontaines de style européen, en ruine. Engagé dans la marine marchande, ayant fait naufrage en mer de Chine, cet Allemand s’installe sur le continent, et entre au service des douanes. En 1873, en poste à Pékin, il prend une série de photos de ce palais d’Été avec ses pavillons chinois, ses édifices de style occidental, élevés sous la direction des Jésuites. Parmi les objets rapportés, outre les papiers peints dont l’état laisse pour certains lés à désirer, on remarque, estimée quelque 20 000  €, une puissante tête de dragon en bronze à patine brune, la bouche grande ouverte, laissant apparaître ses crocs, les yeux grands ouverts, le front surmonté de deux cornes et de grandes oreilles (40 x 45 cm). Dressée sur un socle en bois sculpté de vagues écumantes, elle évoque l’animal mythique, symbole de la puissance impériale, tant en Chine qu’au Vietnam. Maître de l’eau, celui qui vit sous les mers, s’évaporant à l’envi et accédant au ciel sous la forme de nuées, le dragon est insaisissable, et assure donc la pérennité du peuple.

Lundi 17 décembre, salle 16 - Drouot