Chiparus et Hernández Duo de créateurs gagnants

Publié par la Gazette Drouot

Demeter Chiparus (1886-1947), Çiva ou Shiva, modèle créé vers 1928, sculpture chryséléphantine à patine polychrome émaillée à froid, base en onyx éclairante, 42 x 30 x 22 cm (56 x 37,5 x 27,5 cm avec base).

Adjugé : 127 000 €


Créateur phare des Années folles, le natif de Roumanie à l’origine de cette œuvre s’installe définitivement à Paris en 1912. L’atmosphère y est propice à la création. Demeter Chiparus (1886-1947), puisque c’est de lui qu’il s’agit, va s’y plaire à modeler le corps de danseuses, qu’il magnifiera ensuite par l’association du bronze patiné et doré ainsi que de l’ivoire. Il les découvre lors des représentations des Ballets russes, mais aussi aux nombreux spectacles proposés dans les salles parisiennes à la mode, les Folies Bergère notamment. Infiniment décoratives, véhiculant un exotisme facile – plus tard qualifié de kitsch, avant de revenir au goût du jour –, ses sculptures deviennent très vite des icônes offrant à leur concepteur une renommée internationale. Çiva ou Shiva est le titre de celle reproduite ci-dessus, qui a déplié ses longs bras pour attraper une enchère de 127 000 €. Elle semblait d’ailleurs assez sûre de son succès en couverture de la Gazette no 21. Une enchère galopante, comme le Rhinocéros africain (28 x 54 x 14 cm) en pierre brune et verte, sculpté en 1943 par Mateo Hernández (1885-1949), l’une des belles surprises d’un après-midi dévolu aux arts décoratifs, avec un résultat de 21 590 € – ce qui inscrit le représentant des Big Five dans le top 5 des enchères le concernant (source : Artnet). Au chapitre des animaliers, un tigre directement échappé du Livre de la jungle attaquait un cheval avec la souveraineté que lui confère son statut. 31 750 € étaient nécessaires pour emporter l’assaut, incisé sur un meuble de rangement laqué vert et rehaussé de dorure. Un beau score là aussi pour une pièce anonyme, juste présentée comme un « travail français de 1925 ». Ces trois oeuvres contribuent à définir la manifestation du style art déco et son appétence pour l’ailleurs, à laquelle danseuses orientales et faune exotique participent. C’est encore le luxe et l’élégance de cette époque qui est ici évoquée, par l’emploi de matériaux précieux et le choix des sujets.