Le Maroc de Zinaïda Serebriakova

Publié par la Gazette Drouot

Les œuvres de cette artiste, maître du pastel, sont rares en ventes publiques en France. La ligne, sûre, y joue un rôle important, enrichie par les taches de couleur des vêtements, des mains et des visages, certaines travaillées en volume. Issue d’une lignée de peintres reconnus – les Lanceray – d’origine française et immigrée en Russie au XVIIIe siècle, Zinaïda Serebriakova étudie à l’académie de la Grande Chaumière à Paris, en 1905-1906, à l’invitation de son oncle Alexandre Benois, peintre, décorateur et historien d’art. Ruinée par la Révolution russe de 1917, après la confiscation de ses biens et le décès de son mari, refusant d’exécuter les portraits des hommes politiques bolchéviques, elle gagne Paris en 1924 sans ses enfants, qu’elle ne reverra qu’après la mort de Staline, en 1953. Comme de nombreux artistes des années 1920, elle est attirée par le Maroc. Elle aura la chance d’y séjourner durant un mois et demi, en décembre-janvier 1928-1929, puis en mars 1932 – un siècle après Eugène Delacroix – pendant quelques semaines. Le baron belge Jean-Henri de Brouwer finance ses voyages, à condition de pouvoir choisir parmi ses études ce qui lui plaira. Après Marrakech, elle découvre Fès, Séfrou et la petite ville pittoresque de Moulay Idriss. Elle se passionne pour tout ce qui l’entoure : les gens, la nature, les traditions, les détails de la vie quotidienne. « Pendant cette période elle travaillait avec la vitesse de l’éclair, littéralement. Cette rapidité était liée au fait que le Coran interdit aux gens de poser, et elle parvenait à grand peine, contre une petite rémunération, à “attraper” un modèle », écrit sa fille aînée Tatiana en 1965.

Vendredi 20 avril, salle 6 - Drouot-Richelieu.