René Char

Lot 64
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René Char
76 lettres autographes signées à Henri Parisot. 112 pp. in-4, in-8 et in-12. Céreste, Mougins, Paris, «sur le front», Le Cannet et l'Isle-sur-Sorgue, 1935-1949. Magnifique correspondance, d'un grand intérêt pour l'histoire de la littérature de cette époque et du surréalisme, bon nombre de lettres étant écrites durant l'occupation. Se côtoient les noms de Tzara, Eluard, Gisèle Prassinos, Picasso, Picabia, Breton, Dali, Arp, etc. A l'image de cette première lettre datée du 19 mai 1935, écrite sur un papier orange, qui résume à elle seule, le ton et l'intérêt de l'ensemble : sa relation avec le surréalisme et les surréalistes, sa vie retirée de l'effervescence parisienne, ses considérations politiques. «Le menu surréaliste que vous m'avez envoyé ne me met pas en appétit. A le considérer en bloc, c'est une image de 1ère communion, en détail un ensemble de fautes graves. Je me félicite de ne pas être associé à cette entreprise. Dommage qu'Éluard y participe, ce n'est certainement pas - et je le souhaite - le même public qui applaudira les pitreries de Dali rongeant l'os de G. [Gala]. Un jour et un autre jour Paul délivrant la poésie comme il peut le faire. Enfin... Ma situation s'est améliorée ici, les labours sont tirés : ma graine enfouie. Peut-être pourrais-je bientôt envisager un séjour touristique à Paris. Cela me fera plaisir de vous revoir et un tout petit nombre. En attendant, tenez-moi au courant du baromètre parisien». Et d'ajouter en P.S. «Charmant l'accord Laval-Staline ! Les salauds ! Quelle prose ! Les salauds !». «[...]. J'avais lu le compte-rendu de la conférence Dali dans le «Canard enchaîné». Quelle pitié ! Le surréalisme en passe de devenir une entreprise de capitalisation ! Je crains fort que Dali ne soit en fin de compte le Rochette du surréalisme... Et les autres ? Quel dommage que Breton ne soit pas Breton - chez les communistes le chauvinisme et la connerie dépassent l'imagination sans doute vive, en poésie, une certaine poésie ! Qu'en pensez-vous ? [...]». De longs passages traitent de sa propre production littéraire. «Ma femme se met en route demain. Vous aurez donc le manuscrit de «Seuls demeurent» dans le courant de la semaine. Le manuscrit est complet. Un seul poème «Evadée» n'est pas achevé. J'y travaille en ce moment. Poème assez long (80 vers environ). Lorsque je l'aurai mené à bonne fin, je vous l'adresserai ; vous le joindrez au manuscrit. Vous constaterez que «Partage formel» a été augmenté de quelques aphorismes de plus [...]. Il faut sentir la douleur ou le plaisir par l'image pour la conduire (cette dernière) aux métamorphoses du second degré. (Je vous parle et ne vous écris pas moi-même faute de solitude interne et externe...). Le poète ne doit pas se borner à égratigner l'indicible matière à partir de laquelle l'attente et l'impatience n'ont plus de sens tant le silence est mobile et concret (le silence de notre royaume). Le poète tremble verticalement [...]».
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