Le bâtonnier et l’oblat


Publié par Actu Juridique 

Le bâtonnier André Damien était collectionneur et amateur de symboles. Ses objets, ses tableaux, ses insignes, ses cadres témoignaient une gourmandise du savoir et de la connaissance. Tout était prétexte à donner à ses discours des illustrations. Homme de la parole, comme de l’écrit, celui qui a été maire de Versailles, président de l’Académie des Sciences morales et politiques, membre du Conseil de la Légion d’honneur, savait ce qu’on peut obtenir grâce à une bonne plaidoirie. Il en usait pour mieux raconter ses découvertes. Nous nous souvenons, de lui, assis, dans son bureau de la rue des Réservoirs à Versailles, devant une vaste table aux reflets moirés : « Je collectionne les manuscrits et les autographes, car ils sont le seul contact que l’on ait avec un auteur. Ils permettent de toucher de près un personnage que l’on admire ». Ce jour-là, il avait sorti une liasse d’une boîte : « Le manuscrit de Lourdesde Huysmans ! ». Ceci lancé comme un constat. Il aurait dû nous paraître évident que sa bibliothèque ne pouvait que contenir des manuscrits des ouvrages de l’auteur de L’Oblat. « À Marseille, j’avais quinze ans. J’ai acheté mon premier livre, une édition originale d’En Route. Elle m’a coûté 500 francs, en 1943. Avec cette originale, j’avais l’impression d’être en contact avec le premier lecteur d’une œuvre. Il me restait à aller plus loin et toucher les auteurs avec leurs manuscrits », nous avait-il confié.

Le manuscrit complet des Foules de Lourdes, comprenant 150 pages sous chemise et étui en demi-maroquin à bandes blanc, dos lisse, lettrines or, étui signée Faki, a été adjugé 7 040 €, à Drouot le 4 février dernier, par la maison Tessier & Sarrou et Associés, lors de la dispersion des collections historiques d’André Damien. À ce manuscrit, ce dernier avait joint un billet précisant qu’il existe deux variantes de ce texte édité chez Stock en 1906. La sienne est très proche de la version définitive, à l’exception de la préface qui en est absente. Le bâtonnier possédait aussi de Huysmans, le manuscrit de L’Oblat. Il a été vendu 282 €. Un exemplaire de cette édition avec les illustrations de Bourroux sur Japon, relié en 1987, en maroquin violet à décor par J.-P. Laurenchet, a été adjugé 785 €, à Drouot, le 9 mars 2021 par Artcurial lors de la dispersion de la bibliothèque de Maurice Houdayer.