APHRODITE CHEZ SADE

Publié par la Gazette Drouot

LA TÊTE DE LA BELLE N’AURAIT PAS DÉPLU COMME TROPHÉE AU DIVIN MARQUIS... 
Donatien Alphonse François, marquis de Sade, sauvait sa tête pendant la période trouble de la Révolution française. Pourtant, son « modérantisme » politique a failli lui coûter cher, et il s’en fallut de peu que sa tête bien faite ne tombât sous le couperet du bourreau. Accusé par le comité de surveillance de la section des Piques d’être un ennemi des sociétés républicaines, puis oublié dans sa geôle à la suite d’une erreur administrative, il fut condamné à mort le 26 juillet 1794, après un réquisitoire mené par Fouquier-Tinville, et ne dut son salut qu’à la chute de Robespierre, deux jours plus tard. Sade fut finalement libéré le 15 octobre. Cette figure imposante de la littérature du XVIIIe siècle, entrée dans la mémoire collective pour ses écrits licencieux, présentait le 15 juin chez Tessier-Sarrou une autre de ses innombrables facettes, récompensée de plus de 400 000 € au total.
Ses lettres à son épouse révèlent un homme souvent et longuement incarcéré en raison de sa vie de débauche. Pour tromper son ennui, il écrit des pièces de théâtre. Ce sont leurs manuscrits, non autographes, qui subissaient le feu des enchères ; ils étaient emportés entre 11 700 € et 39 000 €. Seul Le Misanthrope par amour – non autobiographique – fut accepté par la Comédie-Française, mais jamais représenté.

AUTHENTIQUES COPIES
La vente Sade, ainsi que la tête d’Aphrodite, posaient à nouveau la délicate question de la copie. En effet, les manuscrits des pièces de théâtre du marquis n’étaient pas autographes. Il s’agissait le plus souvent de copies écrites par son fidèle serviteur, La Jeunesse : pour autant, il faut voir là d’authentiques manuscrits.