Délicate hirondelle blessée

Publié par la Gazette Drouot

Le sculpteur Alfred Boucher, appartenant aujourd’hui à l’histoire de l’art classique, a connu de son vivant une grande notoriété.

Rien ne prédestine Alfred Boucher à suivre une voie artistique, sinon les hasards heureux de la vie. Son père est le jardinier d’un sculpteur académique de Nogent-sur-Seine qui, voyant les aptitudes de l’enfant, le recommande à l’un de ses amis, Paul Dubois (1829-1905). Celui-ci le guidera vers Paris et les Beaux-Arts. La route est ouverte : les amitiés avec Auguste Rodin et Camille Claudel, sa présence dans les salons, où son talent est remarqué, et les nombreuses commandes de bustes de figures politiques et scientifiques en font un artiste officiel, reconnu et honoré. Il choisit souvent des sujets sociaux et naturalistes d’hommes au travail et d’ailleurs, n’oubliera jamais d’où il vient. C’est en effet à lui que l’on doit la naissance d’un lieu devenu mythique, la « Ruche des arts », où, contre un faible loyer, les artistes les plus modestes pouvaient disposer d’un atelier. Mais en parallèle, il affectionne des thèmes plus poétiques, associant nu féminin et mythologie, comme dans la série des « Volubilis » et celle des « Baigneuses ».
L’Hirondelle blessée, retenue à 53 760 €, appartient à la seconde, des plus décoratives. On comprend le succès qu’elle a rencontré lors de sa présentation au Salon de 1898, connaissant des éditions aussi bien en bronze qu’en biscuit de Sèvres.