MÉDUSE STARIFIÉE PAR RENÉ LALIQUE

Publié par la Gazette Drouot

Le bijoutier et joaillier est l’un des grands noms de l’art nouveau puis de l’art déco, dont les créations en verre deviennent de plus en plus présentes après 1900.

« Je ne connaissais pas de dessinateur en bijou, enfin en voici un. » Le compliment vient d’Alphonse Fouquet et s’adresse à René Lalique. Nous sommes en 1884, et celui-ci fait sa première apparition publique à l’Exposition nationale des Arts industriels, organisée à l’occasion de la présentation des diamants de la Couronne dans la salle des États, au Louvre. Il n’a que 24 ans. Une longue et brillante carrière l’attend. Si notre pendentif n’est pas daté, il est une pièce unique et, comme le vase Cluny, tout en contraste de matériaux. Bronze et verre pour ce dernier, or jaune, émail à inclusions de paillons d’argent, et pâte de cristal réalisée à la cire perdue repolie pour notre bijou. Sans oublier une perle baroque, que le bijoutier, s’inspirant de la Renaissance, appréciait, comme l’émail. Quant aux motifs, ils associent des serpents et le visage de Méduse. Monstre de la mythologie grecque dont les cheveux étaient faits de serpents venimeux, après avoir été une très belle jeune femme, Méduse avait le pouvoir de transformer en pierre celui qui la regardait…
Détail qui a son importance : notre bijou a appartenu à Élizabeth Taylor. L’actrice disait n’avoir eu que trois grands amours dans sa vie : Mike Todd, Richard Burton et les bijoux…

À ses côtés pourraient être également disputés un vase en pâte de verre d’Henry Cros à décor de personnages cueillant des pommes dans un parterre de lys (10 000 / 12 000 €), un ensemble de bijoux et de pièces de forme en argent martelé de Jean Després, dont un collier moderniste vers 1970 (6 000 / 8 000 €), et une lampe des établissements Gallé (1904-1936) dite « aux oranges », en verre triple couche dégagé à l’acide, montée en bronze ciselé d’ornements végétaux. Connue jusqu’à aujourd’hui à quelques exemplaires – dont un conservé au Nitori Museum of Art à Otaru au Japon –, cette lampe rivalise avec celle dite « aux glycines », par son côté spectaculaire. 60 000 / 80 000 € pourraient être nécessaires pour se l’approprier.