Mystérieux protecteur

Publié par la Gazette Drouot

Importante par ses dimensions, cette représentation d’une divinité khmère rappelle l’art délicat du Baphûon.

Malgré quelques manques et accidents, c’est l’originalité de sa position qui devrait lui valoir une belle bataille d’enchères. Plus nombreuses en effet sont celles représentées debout. Celle-ci est assise en position de délassement, le sampot finement plissé retombant en un large pli, tenant une dague de la main droite, les cheveux tressés et relevés en un haut chignon, le torse, les bras et les chevilles ornés de bijoux ciselés de motifs végétaux. Il est impossible toutefois d’identifier cette divinité protectrice. Celle-ci a été prélevée de son site religieux sans l’animal qui lui sert de véhicule et sur lequel elle était assise. Quant à son épée, elle ne constitue pas un attribut suffisant, d’autres devas en étant eux aussi munis. Dans l’hindouisme, ces dernières sont des personnages surnaturels symbolisés par leur iconographie. Ainsi Shiva est représenté avec un troisième œil au milieu du front, symbole d’éternité et de sagesse. Vishnou est reconnaissable à sa conque, symbole de la création et de l’océan primordial, à son arc, ses flèches et son carquois, à son disque à six rayons comme les six pétales de la fleur de lotus, tandis que Brahma est sculpté avec quatre têtes et quatre bras. Construit vers 1060, le temple du Baphûon fait partie de l’ensemble monumental d’Angkor, dans le nord-ouest du Cambodge. Dégagé et restauré pour la première fois au début du XXe siècle, il est démonté bloc par bloc à la fin des années 1960. Mais ces ruines seront à nouveau laissées à l’abandon pendant plusieurs décennies, suite aux conflits ravageant la péninsule indochinoise.