Zhang Xiaogang, portraits d'une identité chinoise

Publié par la Gazette Drouot

Cette enfant de la Révolution culturelle, visage de toute une génération en Chine, ne laissait pas insensible. À ses côtés, sculptures et photographies poursuivaient le voyage.

Ce Portrait de jeune femme, qui faisait la couverture de notre numéro spécial anniversaire du 26 février, n’avait pas été choisi au hasard (voir l'article Zhang Xiaogang, le peintre d’une génération de la Gazetten° 8). Il est vrai que dans ce regard anonyme et impassible, c’est celui de toute une jeunesse qui défilait, une génération déshumanisée par les acteurs de la Révolution culturelle chinoise. Le peintre Zhang Xiaogang, en livrant au monde ces portraits de famille ou isolés, leur redonnait justement cette humanité perdue et c’est ce qui a contribué à le faire connaître sur la scène internationale, et voir sa cote exploser au tournant des années 2010. Depuis, la raison est revenue et ce visage à la facture délicate, peint en 1996, retenait 192 000 €.
Si tout autre est sa démarche, le nom de Wang Keping (né en 1949), installé en France depuis 1984, est lui aussi bien connu désormais des amateurs occidentaux. L’artiste sculpte la bille de bois en taille directe pour en extraire des formes-volumes expressives et plus ou moins figuratives. Il s’agissait cette fois d’un Personnage (h. 82,5 cm) semblant tenir ses jambes et appuyé sur un bras pour attraper un résultat de 23 040 €. Sur son site, il affirme en préambule : « Je suis un artiste chinois, mais je ne fais pas de l’art chinois. » En effet, son intimité avec le médium, l’humilité avec laquelle il s’efface derrière lui et l’explore ainsi que la spiritualité mise dans son travail le rattachent à la longue tradition des lettrés de Chine, dont on sait la relation à la nature et à la matière. Mais l’intemporalité du résultat, au-delà de toute notion de style, l’inscrit dans l’universalité de la création.
Quant à Liu Bolin (né en 1973), maître de l’effacement mais dont le Poing de la liberté en métal et ciment de 2008 frappait visuellement page 45 de la Gazette n° 10 – et 11 776 € au marteau –, il décrochait à 21 760 € un record français pour une œuvre photographique (source : Artnet) grâce à un tirage C-print, diasec, numéroté 6/8 et daté 2007 (118 x 150 cm).

L’art contemporain chinois continue d’égrener ses multiples visages en Occident.