WANG KEPING


Né en 1949 près de Pékin, Wang Keping est l’un des fondateurs de l’avant-garde contemporaine chinoise, en raison notamment du rôle-clé qu’il a joué pendant la Révolution culturelle en Chine au cours des années 1970 et qui l’a mené à quitter la France en 1984. Il a développé depuis une œuvre virtuose qui explore toutes les possibilités du bois, reconnue internationalement comme l’une des contributions les plus importantes à la sculpture contemporaine. 

Il a réalisé un ensemble exceptionnel d’œuvres témoignant de l’importance qu’accorde l’artiste au travail de la matière, un rapport à la sculpture humble, intime et spirituel qu’il définit ainsi : « Je suis sculpteur et je ponce avec mes mains ». C’est par une maîtrise des techniques traditionnelles de la taille, dans une démarche qui se veut intemporelle et au-delà de toute notion de style, que Wang Keping parvient à saisir la quintessence de ses sujets. On retrouve ainsi exposé tout un éventail de thèmes représentatifs du travail de l’artiste : bustes de femme, couples, étreintes, animaux hybrides... 

Wang Keping fait son entrée sur la scène artistique en 1979, en fondant avec des artistes aujourd’hui reconnus comme Ai Weiwei, Ma Desheng et Huang Rui, le groupe dissident «Xing Xing» (littéralement «Etoiles»). Ce mouvement d’avant-garde s’affirme contre le réalisme socialiste imposé par le Parti communiste, avec une première exposition manifeste sur les grilles du Musée National des Beaux-Arts de Pékin. Wang Keping y expose une sculpture devenue emblématique de cette résistance face aux canons esthétiques prônés par étouffée par un cylindre. Véritable personnification de la censure, cette œuvre pionnière incarne l’inéluctable devenir de cette manifestation artistique, rapidement interdite par les autorités. S’ensuit un mouvement de protestation en faveur de la liberté de l’art le jour du 30ème anniversaire de la République Populaire de Chine. 

Malgré les tentatives du pouvoir de réduire au silence ces revendications, la portée de cet évènement dépasse largement ce cadre répressif, la presse internationale se faisant aussitôt le relais de cette prise de position publique, aujourd’hui considérée comme l’une des origines de l’affirmation de l’art contemporain chinois. Le New York Times choisit d’ailleurs la sculpture de Wang Keping pour figurer en couverture de son numéro du 19 octobre. 

C’est une seconde exposition, un an plus tard, au Musée national des Beaux-Arts de Pékin, qui scelle l’avenir des principaux protagonistes du groupe des Etoiles. L’évènement provoque un engouement populaire sans précédent auquel le pouvoir répond par une répression générale qui sonne la fin du Printemps de Pékin, et pousse à l’exil la plupart des membres fondateurs du mouvement. 

Depuis son arrivée en France en 1984, Wang Keping a pris ses distances avec cet engagement des premières années et s’est progressivement tourné vers un art davantage universel, principalement issu de la taille du bois, ce matériau vivant dont il n’a de cesse de révéler la force expressive. Ce travail épouse et sublime les propriétés des bois que l’artiste sélectionne, dans une recherche esthétique et spirituelle inspirée de la philosophie taoïste, de la statuaire antique de la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.), mais également de l’art populaire des campagnes chinoises. C’est en effet à partir des veines, des nœuds et des fentes, de la surface plus ou moins accidentée des morceaux de bois que l’artiste dégage les formes essentielles de ses sujets. Chaque tronçon est ainsi savamment choisi et respecté dans son intégrité. Ce rapport primordial à la nature, source d’inspiration première et matrice formelle, se manifeste également dans les soins que Wang Keping apporte à la surface de ses œuvres. Plusieurs étapes contribuent en effet à leur donner cette peau lisse et douce, qui fait véritablement appel au toucher : les sculptures sont d’abord polies pour effacer les traces d’outils et ne laisser visible que le relief inhérente à la matière, puis brulées au chalumeau avec un soin extrême, afin d’obtenir une teinte finale unique à chaque sculpture. Ce traitement accentue la dimension sensuelle véhiculée par les lignes suggestives et rondeurs généreuses des œuvres, dont l’harmonie générale est porteuse de toute leur vérité. 

Pas étonnant dès lors que cet art de l’épure, réalisé dans la solitude de l’atelier, soit fréquemment comparé à l’œuvre d’artistes historiques tels qu’Auguste Rodin, Alberto Giacometti, Henri Moore et, surtout, Constantin Brancusi - une filiation que Wang Keping revendique à l’heure où ce travail patient, issu de la main de l’artiste, tend à se faire plus rare. 

La carrière française et internationale de Wang Keping est jalonnée d’importantes expositions monographiques institutionnelles. 

En 1989, l’Asia University Museum of Modern Art de Taichung (Taïwan), lui consacre sa première exposition personnelle ; suivie, en 1990, du Chinese Modern Art Center d’Osaka (Japon) ; puis en 1993, de l’Aidekman Art Center de Boston (États-Unis) ; en 1994, du Museum für Kunsthandwerk de Francfort (Allemagne) ; en 1997, du HKUST Center for Arts de Hong Kong (Chine) et du He Xiangning Art Museum de Shenzhen (Chine) ; en 2008, du Musée d’art asiatique de Nice (France) ; en 2010, du Musée Zadkine, à Paris (France) ; et en 2013, de l’Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Pékin (Chine). 

L’œuvre de Wang Keping bénéficie par ailleurs d’une actualité riche, tant en France qu’à l’étranger. Une sculpture monumentale en bronze de Wang Keping est présente dans les jardins de la Fondation Carmignac à Porquerolles, dont l’exposition inaugurale « Sea of Desire » a ouvert au printemps dernier. L’artiste a également participé l’été dernier à la BIS, Biennale Internationale de St Paul de Vence, avec une sculpture en bronze de taille humaine présentée à l’entrée du village. 

Wang Keping est aussi invité dans de nombreuses expositions collectives de référence dont plusieurs soulignent l’importance de son œuvre dans l’histoire de l’art moderne et contemporain chinois, comme, en ce moment, Here/Elsewhere : The Sample of Overseas Chinese Art au He Xiang Ning Museum à Shenzhen (Chine), Turning Point : 40 years of Chinese contemporary art au Long Museum et l’exposition inaugurale du PowerLong Museum à Shanghai (Chine), et en 2016 An/other avant-garde, China-Japan-Korea à la Biennale de Busan (Corée du Sud), ainsi que M+ Sigg Collection. Four Decades of Chinese Contemporary Art au M+ de Hong Kong (Chine). 

En 2016, Wang Keping est également invité à exposer ses sculptures monumentales au Centre d’Art et de Nature du Domaine de Chaumont-sur-Loire (France). 

Expositions :
1983    Painting the Chinese dream, Chinese Art 30 years after the Revolution au Brooklyn Museum (États-Unis)
1996    Face à l’Histoire au Centre Pompidou, à Paris (France)
1998    Vision 2000, Chinesische Gemälde un Skulpturen der Gegenwart au Linden-Museum de Stuttgart (Allemagne)
1999    At the new century. 
1979-1999    China Contemporary Art Works au Modern Art Museum de Chengdu (Chine) et Les Champs de la sculpture sur les Champs-Élysées à Paris (France)
2001    Modern Chinese Art, The Khoan and Michael Sullivan Collection à l’Ashmolean Museum d’Oxford (Royaume-Uni)
2005    Mahjong – Chinesische Gegenwartskunst aus der Samlung Sigg au Kunstmuseum de Bern (Suisse)
2007    China Onward, The Estella Collection, Chinese Contemporary Art 1996-2006 au Louisiana Museum of Modern Art, à Copenhague (Danemark)
2008    Origin Point, The Stars 30 years au Today Art Museum de Pékin (Chine), ainsi que China Gold, Art contemporain chinois au Musée Maillol, à Paris (France) 
2011    Blooming in the Shadows, Unofficial Chinese Art 1974-1985 au China Institute de New York (États-Unis), et Artistes Chinois à Paris au Musée Cernuschi, à Paris (France)
2013    Light before Dawn, Unofficial Chinese Art 1974-1985 à l’Asia Society, à Hong-Kong (Chine). 

En 2016, ses sculptures sont exposées dans l’exposition Figures au Musée national d’Art Moderne (Centre Pompidou, Paris) et au M+ Museum dans le cadre de la donation Sigg (Hong-Kong). 

En 2018, à Shanghai au Long Museum ou à la prestigieuse université de Stanford (Cantor Art Center). 

En 2019 entre autres, Au Private Museum de Singapour et à l’Ashmoleum Museum d’Oxford. 

En 2020, à l’OCAT Institute de Beijing et Au Domaine de Chaumont sur Loire.