Le cheval et l’oiseau

Publié par la Gazette Drouot

Deux sculptures, la première de Marino Marini, la seconde de François-Xavier Lalanne, éclairaient une vente d’arts décoratifs.

À la suite de l’Avant-Première que lui a consacrée la Gazette n° 42 (voir l'article Marino Marini et le sexe de l’ange… page 23) plus rien de la genèse de L’Ange de la ville de Marino Marini (1901-1980) ne nous est inconnu. Ce plâtre exécuté vers 1940-1945, une pièce unique titrée Cavalo e Cavaliere, apporte sa petite pierre à la grande réalisation qui séduira Peggy Guggenheim – et qu’elle fera installer sur la terrasse de sa fondation à Venise, face au Grand Canal. L’homme est cependant doté d’un détail anatomique très voyant… et, lors de la fonte, l’extravagante Américaine demande que le sexe soit amovible. Ainsi, lorsqu’une procession passe sur les eaux, on retire prestement l’objet litigieux. Avec l’emploi du plâtre, on sent l’œuvre encore en gestation, le final explosif n’étant pas encore atteint et Marini donnant de l’humanité à son cavalier, qui prendra ensuite une dimension christique. La grande fragilité des plâtres fait renoncer de nombreux acquéreurs, ce qui les empêche trop souvent – et malheureusement, tant ce sont des pièces originales qui révèlent le geste de l’artiste – d’atteindre les résultats qu’ils mériteraient. Celui-ci, tout de même, tenait fermement des rênes qui le menaient à un prix conséquent de 140 800 €.
De la modestie, le pigeon en bronze et cuivre patiné conçu par François-Xavier Lalanne (1927-2008) pour contenir une lampe en verre opalin blanc n’en avait guère, et il se rengorgeait à 46 080 €. Ce modèle, créé en 1991, mesure 21 cm de haut et 26 cm de long. Le volatile habitant les trottoirs parisiens a bien raison : il est très demandé !
La même année, Lalanne réalise une autre lampe, autour d’un échassier, disponible en 62 et 29 cm de haut. Les deux luminaires anthropomorphes sont en bronze, tôle de cuivre et verre opalin. Ils seront édités par Artcurial, en 900 exemplaires pour le pigeon, et 1 500 pour l’échassier. Malgré ce grand nombre, leur cote ne se dément pas, ne cessant même de grimper depuis la vente Bergé - Saint Laurent de 2009 et la rétrospective du musée des Arts décoratifs en 2010. De quoi se gonfler d’orgueil un peu plus encore !