Enigme stendhalienne

Publié par la Gazette Drouot

Des bibliophiles forcément romantiques étaient exaltés à la vue de cette rare édition de Stendhal, enrichie d’un mystérieux envoi autographe. 
Le contraire aurait été surprenant. Inédit puisque seuls cinq autres portant un envoi autographe de Stendhal étaient jusqu’alors référencés, cet exemplaire de l’édition originale du Rouge et le Noir présentait la mention suivante : «Hommage de l’auteu {r} P.241. A.29». Un ex-dono qui conserve son énigme tant sur sa signification que sur l’identité de son destinataire. Inénarrable amoureux, comme son ambitieux héros Julien Sorel (voir l'article Un envoi inédit et mystérieux dans Le Rouge et le Noir page 49 de la Gazette n° 33 du 25 septembre), l’écrivain pourrait ainsi avoir cherché à dissimuler le nom d’une belle dame… et à laisser un message à interpréter en page 241 de son deuxième roman. Un mystère qui a stimulé l’appétit des enchérisseurs avant que l’un ne l’emporte à 89 600 €. Publiée en 1830, peu après l’avènement de la monarchie de Juillet, monument de la littérature française du XIXe siècle, l’œuvre connaît une postérité qui ne faiblira pas, peut-être parce qu’elle saisit, ainsi que l’a écrit Balzac, «la senteur cadavéreuse d’une société qui s’éteint». L’époque romantique s’exprimait ensuite au travers d’un vestiaire des plus charmants.

Si l’attribution à la duchesse de Berry d’une robe de cour à traîne en taffetas changeant rose et or (voir l'article À la duchesse de Berry ? page 53 de la Gazette ci-dessus mentionnée) ne convainquait pas, deux autres conçues pour le jour, portées autour des années 1830, séduisaient l’une comme l’autre à 6 144 €. La première, en linon brodé de soie polychrome et à bordures à cannetilles, ressemblait en tout point à celles que l’on pouvait voir dans le journal Les Modes, la seconde, en percale ivoire à rayures et corsage froncé sur les épaules, faisant penser aux jeunes filles sous la plume de la comtesse de Ségur. C’est toute une époque qui défilait ainsi, celle où les femmes cherchaient à avoir la taille la plus fine qui soit, reléguant dans les greniers la silhouette Empire. Pour cela, il fallait exagérer l’ampleur des manches comme de la jupe, et user à l’excès de l’emploi du corset.

Ce sont enfin des meubles attribués à Theophil Hansen (1813-1891), réalisés dans le style néo-grec vers 1860, qui séduisaient. Un ensemble de salon comprenant un canapé et quatre fauteuils en placage d’ébène, bois noirci, bronze et laiton dorés, se posait à 21 120 € et un guéridon plus classique dans les mêmes matériaux, à 11 520 €.