Des bijoux Art nouveau de René Lalique à l’honneur à Drouot


Publié par The Art Newspaper

Plusieurs rares créations de l’orfèvre passent demain à Drouot chez Tessier Sarrou, reflets d’un univers précieux et poétique, printanier ou automnal.

De rares créations de René Lalique vont être soumises au feu des enchères par la maison Tessier Sarrou demain, 23 juin. Glycines, un pendentif accompagné de son sautoir conçu entre 1899 et 1901, est estimée entre 60 000 et 80 000 euros. Selon le commissaire-priseur Rodolphe Tessier, ce chef - d’œuvre du japonisme est un modèle unique et surtout inédit sur le marché. La légende voudrait qu'il est appartenu à la star Gina Lollobrigida. Le vendeur en est convaincu et le contexte de son acquisition tendrait à le prouver, mais les recherches menées par les experts ne peuvent le garantir.
Ici, six motifs en médaillon composent le sautoir, rendant chaque maillon unique. L'or ciselé et le décor, composé d'émaux polychromes au champlevé, sont traités en double face pour former une branche de glycine proche de la nature. Dans le langage des fleurs, la variété blanche inspirant cette création se veut l'expression d'une confiance réciproque.
 
La vacation sera aussi l'occasion de découvrir L'Automne, représentée ici en pendant de cou en or jaune et émaux translucides polychromes. Le bijou figure un profil féminin, des branches de platane et des grappes de fruits orange. Rodolphe Tessier explique que c'est l'un des thèmes de Lalique le plus présent sur le marché. Fait très rare, son coffret d'origine, estampé de feuilles de platane, a été conservé ! 
De ce bijou, il existe plusieurs variantes dont l'une se trouve au musée de l'Horlogerie et d'Emaillerie de Genève et un autre est référencé dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York. 
Son estimation est ici comprise entre 30 000 et 40 000 euros. 
 

Outre ces deux pièces, Tessier Sarrou propose un coupe-papier Libellule en corne sculpté (est. 12 000 / 15 000 euros). Plutôt rare, le modèle a été créé vers 1906-1908. Pour en apprécier la subtilité d'exécusion, il faut regarder la corne utilisée pour la lame. Celle-ci, observée en transparence, imite à la perfection l'aile d'une libellule.
Un peigne Branche de Saule est également au menu (est. 12 000 / 15 000 euros). Réalisé en corne sculptée, or et émail, il est assorti d'une boite créée spécialement pour lui.


L'orfèvre et verrier René Lalique a consacré la femme au début du siècle dernier en habillant son décolleté, ses cheveux et ses doigts de véritables oeuvres d'art empreintes de poésie, qu'il concevait entièrement.
" Inventeur du bijou moderne ", selon Emile Gallé, il ne s'embarrassait pas des codes du luxe. Volontairement réfractaire à l'utilisation systématique du diamant, il privilégiait l'art de l'émail, le rendant translucide comme des vitraux. Il n'hésitait pas non plus à utiliser des matériaux peu usités comme la corne, la nacre et employait des pierres semi-précieuses comme l'aigue-marine, le quartz ou encore l'opale.

En 1900, des célébrités à la personnalité bien trempée s'arrachaient ses créations, à l'instar de Madame Waldeck-Rousseau, Sarah Bernhardt, Colette ou encore Liane de Pougy. Calouste Gulbenkian en a été le collectionneur emblématique. Aujourd'hui, les amateurs qui ont repris le flambeau sont peu nombreux. Le commissaire-priseur considère qu'il en existe une dizaine, dont seulement cinq sont actifs sur le marché. L'un d'eux, Kazumi Arikawa, st un marchand et collectionneur japonais président de la société Albion Art. Le 11 juin, à Neuilly-sur-Seine, au sein d'une vente de bijoux, Aguttes a adjugé pour 146 900 euros une bague du créateur ornée d'un diamant de 3,76 carats, ce qui tendrait à confirmer la bonne cote de l'orfèvre.