La part du lion

Publié par la Gazette Drouot

Parvenu en Chine grâce au bouddhisme, le lion s’y est fait une place de choix, dont témoigne ce bronze ming.
Si le lion de bronze joue fréquemment le rôle de brûle-parfums ou de porte-baguettes, rien n’indique que ce spécimen, dont la fourrure et la queue s’enroulent en élégants volutes, ait eu une fonction autre que décorative. Représenté en marche, la tête tournée vers la gauche, il porte un collier orné d’une petite tête de lion, à laquelle est suspendu un imposant grelot ; un ruban y est également maintenu, qui forme un harnachement terminé par un pompon et présente lui aussi des grelots. Ce type de clochette évoque le Bouddha, qui en avait taillé un dans le bois pour accompagner la psalmodie des litanies journalières. Le lion est lui-même associé au bouddhisme : servant de monture au boddhisattva Manjusri – nommé Wenshu en Chine –, combattant l’ignorance pour atteindre la plus haute spiritualité, l’animal est plein de bravoure et de sagesse. Ces deux vertus ont fait de lui le gardien idéal des édifices sacrés. Ce protecteur de la loi bouddhique incarne également la paix et la prospérité : on le retrouve donc à l’entrée des palais. Pour passer une porte de la Cité interdite, il faut ainsi cheminer entre deux lions de bronze d’époque Ming : un mâle maintenant une boule de sa patte et une femelle jouant avec son lionceau. Ils symbolisent respectivement le pouvoir et la société.