KOLTCHAK, GENTLEMAN DICTATEUR

Publié par la Gazette Drouot

En Russie, cette vente n’est pas passée inaperçue, selon le commissaire-priseur Vincent Sarrou, qui s’avoue surpris de l’écho que l’événement rencontre, quatre-vingt-dix-neuf ans exactement après l’exécution du chef des armées blanches.
L’expert Ivan Birr, lui-même descendant de Russes blancs, se dit ainsi convaincu que les estimations seront confirmées, et même au-delà,  par ce regain d’intérêt porté par la vague du nationalisme russe. Ces cent vingt documents, dont le courrier envoyé pendant une quinzaine d’années à son épouse, sont inédits. Le reste des archives le concernant a été classé secret défense par les Soviétiques. Ces feuilles pourraient donc aider à éclairer l’esprit de celui que le chef de l’Intelligence Service a décrit comme « ce qu’il avait trouvé le plus proche d’un gentleman anglais en Russie ». Monarchiste de cœur, homme à poigne, Koltchak a protesté de son ignorance des crimes les plus affreux de ses troupes. Dans La Guerre des Russes blancs (Tallandier, 2017), Jean-Jacques Marie doute de ses intentions libérales, y voyant plutôt une concession à la population et aux alliés comme Clemenceau, qui lui réclame le retour de la démocratie. D’autres l’ont décrié comme un vulgaire espion britannique, concourant à la légende noire entretenue par les Soviétiques. Aujourd’hui, son image est plutôt réhabilitée, comme en témoigne un film sentimental à succès qui lui a été consacré. Mais ses archives sont toujours distillées au compte-goutte dans la Russie de Poutine.