Le chant des sirènes

Publié par la Gazette Drouot 
 
« Le romantisme n’est ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir… C’est l’expression la plus récente et la plus actuelle du Beau », écrit Charles Baudelaire dans Le Salon de 1846.
Ce bracelet figure en bonne place dans cette vacation intitulée « La vie romantique » comprenant ouvrages, objets d’art, meubles, costumes et accessoires de mode, argenterie et bijoux.
Il est attribué à Jean-Valentin Morel, grâce à une gravure parue dans L’Illustration, le 30 décembre 1848, en référence à un article consacré à la maison créée par ce lapidaire, orfèvre et bijoutier français, formé auprès de son père puis d’Adrien Vachette, artiste réputé pour ses luxueuses tabatières à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Associé à Henri Duponchel, architecte et homme de théâtre, en 1842, rue Neuve-Saint-Augustin, Jean-Valentin Morel s’adjoint le concours de talentueux créateurs de modèles, parmi lesquels les sculpteurs Jules Klagman – auquel sont attribuées les sculptures de notre bijou – et Jean Feuchère, les ornemanistes Jules Peyre, Constant Sévin, Charles Niviller et Jules Diéterle. Il sollicite aussi les ciseleurs Désiré Attarge et Honoré, l’émailleur Louis-Hippolyte Lefournier, probablement auteur des émaux de ce bracelet. L’entreprise, récompensée d’une médaille d’or à l’exposition des produits de l’industrie, comptera quelque quatre-vingts ouvriers. Jusqu’à sa dissolution, en 1848, elle est parmi les plus en vue de la capitale pour ses bijoux de style romantique alliant or, argent, émaux, pierres et perles. On loue le raffinement de ses modèles inspirés de l’Orient, de la Renaissance ou même de la nature – chose rare à l’époque. Pour preuve, cette parure mêlant sirènes, perles, fleur, coquillage et lierre.

Vendredi 19 avril, salle 4 - Drouot