Sculpture et architecture

Publié par la Gazette Drouot

Le centaure joue de la flûte, comme pour séduire cette sirène esquissant un joli déhanchement pour se tourner vers le séducteur. La lumière de la pierre accentue le corps musculeux de l’homme-animal, la sinuosité des formes féminines. L’un se retrouve en appui sur le train arrière, l’autre sur une queue en volute.
Ces deux statues ont été commandées au début des années 1950 à Carlo Sarrabezolles pour décorer chacune une niche. Le sculpteur était alors reconnu pour ses monuments aux morts, ses sculptures monumentales pour des églises, des édifices publics et sa participation à la décoration du paquebot Normandie. Né à Toulouse, il s’inscrit en 1907 à l’École des beaux-arts de Paris, dans les ateliers d’Antonin Mercié et de Laurent Marqueste, également natifs de la ville rose. En 1914, il obtient le second prix de Rome ; il ne peut se rendre à Rome étant fait prisonnier cette même année, jusqu’en 1918. Pour L’Âme de la France – une jeune guerrière au torse dénudé levant les bras au ciel –, il reçoit la médaille d’argent au Salon et le prix national en 1922. Il s’installe l’année suivante dans un atelier du XVe arrondissement avec son épouse Nicole. Les succès et les commandes affluent, notamment pour la sculpture ornementale d’édifice lorsqu’il eut mis au point la sculpture en taille directe du béton. Il travaille pour des particuliers dont il fait les portraits en buste, acceptant pour des amis, comme ici pour les propriétaires d’un appartement situé avenue de Breteuil, de réaliser des statues. Les amateurs des années 1930 à 1950 appréciaient ce décor quasi architectural, rythmant l’espace de formes simples. Hélas, ses œuvres ont souvent disparu avec le changement de propriétaire. Saluons l’apparition de cet ensemble par un sculpteur très rare en ventes publiques.
Mercredi 17 avril, salle 10-16 - Drouot