Le bonheur des dames

Publié par la Gazette Drouot

S’il n’est pas le plus cher estimé parmi les costumes de cette dispersion classique, ce manteau ne devrait pourtant pas passer inaperçu. Outre son très bon état de conservation, le vêtement en fin drap de laine est somptueux, avec sa broderie au fil de soie et filé or de palmes et de treillages qui se déploie généreusement dans le dos, les côtés et le col.

 

Manteau-cape en drap de laine géranium rebrodé au fil de soie et filé or dans le dos,
les côtés, le col et les parements de motifs de palmes et de treillages,
griffé «Au Louvre - Paris», vers 1890.


En cette fin de XIXe siècle, le manteau-cape est à la mode, en version trois-quarts ou, comme ici, en version longue. Le manteau à manches apparaît au milieu du XIVe siècle, désignant alors le vêtement de dessus porté par la noblesse. Il figure dans le dictionnaire de l’Académie, avant de passer de mode à la Révolution au profit de la redingote. Loden, capote, houppelande, balandran (ancêtre de l’imperméable), mantelet, pardessus, pelisse, macfarlane (manteau droit sans manches mais pourvu d’ouvertures pour les bras, assorti d’une pèlerine tombant jusqu’aux hanches, apparu en 1855), les appellations, comme les formes, ne manquent pas pour cet habit dont le nom vient du latin mantellum, qui signifie « voile ». Notre manteau-cape permettait aux dames de la noblesse ou de la bourgeoisie de sortir rendre visite à leurs amies. Celui-ci porte la griffe « Au Louvre ». Ce grand magasin, contemporain du Bon Marché des époux Boucicaut, ouvre ses portes en 1855 à l’initiative de deux employés de commerce, Chauchard et Hériot, au 164, rue de Rivoli. L’hôtel du Louvre, construit en même temps, leur cède rapidement la place quand les magasins doivent s’agrandir. En cette fin de XIXe siècle, ce type de commerce, où l’on pouvait entrer et sortir sans acheter, répondait à une augmentation du marché de la consommation et à la place croissante de la mode. Succès garanti.

Mercredi 31 octobre, salle 5 - Drouot-Richelieu.