Les figures joliment décoratives de Demeter Chiparus

Publié par la Gazette Drouot 

Reconnaissable à son aspect chic, ses formes aérodynamiques, ses matériaux lustrés, la sculpture art déco a trouvé en Demeter Chiparus l’un de ses représentants les plus prolifiques. Extrêmement décoratives, ses œuvres sont facilement identifiables. La femme et tout particulièrement la danseuse, même s’il n’est pas une exception à l’époque, y tient le premier rôle. Seule ou accompagnée de quadrupèdes en laisse. Contrairement à ses contemporains François Pompon et Rembrandt Bugatti, qui ont renouvelé le genre animalier du XIXe siècle, Chiparus préfère les femmes, en mouvement. Né à Dorohoi, en Roumanie près de la frontière ukrainienne, il quitte son pays en 1909 pour aller étudier à Florence peinture et dessin. Trois ans plus tard, il est à Paris, où il est bientôt admis aux beaux-arts. En 1914, il reçoit la médaille «honorable» pour la sculpture qu’il présente au Salon des artistes. Il ouvre son atelier au lendemain de la guerre et se spécialise dans les œuvres chryséléphantines, un terme dérivé du grec désignant un objet d’or et d’ivoire, mais employé dans le langage art déco pour décrire une sculpture faite de différents matériaux, l’or, l’ivoire, l’écaille, la laque, l’argent ou le bronze… Éditées à quelques dizaines d’exemplaires, ses œuvres sont réservées à l’époque à une clientèle fortunée. Il faudra l’être aujourd’hui encore pour celle-ci, car voici l’un de ses modèles les plus recherchés et des plus emblématiques. Il conjugue richesse du costume et de la patine dorée, argentée et cuivrée d’origine, finesse de la tête, des mains et des éventails en ivoire – d’origine également – et un très bon état de conservation. Sans oublier l’effet de dynamisme donné par le mouvement de contorsion de la jeune femme. Exécutée vers 1925, cette sculpture traduit l’influence des Ballets russes de Serge de Diaghilev sur les peintres, décorateurs et sculpteurs. D’un érotisme voilé, ces figures sont élégamment suspendues entre deux mouvements sur la pointe des pieds, telles des déesses à la grâce hautaine, juchées sur des socles de marbre et d’onyx.

Vendredi 10 novembre, salle 10-16 - Drouot-Richelieu.
Tessier & Sarrou et Associés OVV. M. Plaisance.