LAISSEZ ENTRER LE SOLEIL...


Publié par la Gazette Drouot

Lorsque Georges Jouve se regarde dans le miroir, Apollon s’y reflète.

On le sait, c’est en réponse au défi lancé par Picasso à son métier que Georges Jouve, en s’installant en Provence, trouve un nouvel élan et la force de se lancer dans des pièces architecturales plus monumentales.
Le céramiste maîtrise à la perfection l’émaillage, le coulage et le modelage de ses œuvres. Le motif du soleil s’y retrouve régulièrement, comme le rappelle ce miroir d’un blanc rayonnant. L’objet est signé « Apollon », ainsi que l’avaient surnommé ses camarades de l’école Boulle, visiblement séduits par son talent. On serait tenté d’établir un lien entre la forme et la divinité mais selon son épouse Jacqueline, il n’y a « pas de relations entre le Soleil sur les œuvres et [c]e surnom ». L’astre est un motif de son langage plastique, un « élément décoratif extraordinaire. Le soleil, c’est puissant », affirmait-il. L’artiste saura le sublimer et le réinventer, que ce soit dans des encadrements ou dans des miroirs, notamment pour des pièces livrées à Jacques Adnet. L’ensemblier-décorateur lui passe de nombreuses commandes et lui offre la possibilité de participer à des expositions en France comme à l’étranger, qui lui ouvrent les portes de la reconnaissance. 108 800 € venaient se refléter dans cette pièce du plus bel effet décoratif.

Une sculpture (h. 29 cm) d’Alexandre Noll (1890-1970) taillée directement dans l’ébène du Gabon vers 1960 rappelait, à 64 000 €, que les créations des deux hommes se retrouvaient souvent dans les mêmes intérieurs.