Camille BORGHESE


Prince de Sulmona et de Rossano, né à Rome en 1775.
Il passait pour le plus riche des princes romains ; aussi sa famille fut-elle une des plus lourdement frappées par les impositions qu’établirent les généraux français après le meurtre du général Duphot, en 1798.
Partisan des idées libérales, Camille servit dans l’armée française, et, en 1803, fut appelé à Paris, où il épousa la sœur du premier consul, Pauline Bonaparte, veuve du général Leclerc. Ce mariage le fit nommer prince français en 1804, et, en 1806, prince et duc de Guastalla. En 1807, l’empereur le força à lui vendre sa magnifique collection d’objets d’art moyennant 3 millions comptant, l’abbaye de Lucedio, près de Turin, estimée 4 millions, et 300,000 fr. de rente. En exécution de cette expropriation, le musée de la villa Borghèse fut transporté en France. C’est ainsi que Rome perdit le Gladiateur, l’Hermaphrodite, le Silène, le musée Gabrino et une quantité de monuments de l’antiquité et des beaux-arts. L’année suivante (1808), Napoléon le nomma grand dignitaire de l’Empire et gouverneur général des départements du Piémont, de Gênes et de Parme. Il établit sa cour à Turin et s’y fit aimer. Après l’abdication de Napoléon, en 1814, il remit aux alliés le Piémont et Gênes. À partir de cette époque, il cessa toutes relations avec les Bonaparte, et se sépara de sa femme, dont il avait à se plaindre. En 1815, une grande partie de son musée lui fut rendue, mais il vendit sa terre de Lucedio, en Piémont, et habita Florence et Rome. Il mourut à Florence en 1832.


Analyse du portrait :
Le Prince Camille Borghèse est représenté, devant la campagne romaine, en grand uniforme de général de division (grade auquel il est nommé le 23 janvier 1808) :
- Uniforme en drap à double rangée de broderies de feuilles de chêne au col et aux parements.
- Ceinture écharpe en passementerie dorée intercalée d’écarlate, à glands à trois étoiles.
- Épaulettes en passementerie dorée à trois étoiles d’argent.
- Le port de l’aiguillette semble correspondre à son nomination (le 24 février 1808) comme gouverneur général des « départements au-delà des Alpes ».
- Bicorne en feutre taupé, bordé d’un galon de passementerie dorée, garni de plumes blanches. La ganse retient une cocarde aux couleurs tricolores françaises.

Borghèse porte à ses côtés un sabre de luxe « à la Marengo », avec une dragonne de général de division et un ceinturon de velours brodé de feuilles de chêne à boucle à l’Aigle impériale.

Le Prince porte sur son portrait les ordres de chevalerie dont il est titulaire :
- en sautoir, l’insigne de chevalier de l’ordre de la Toison d’or espagnole (promotion du 18 juin 1805) .
- l’insigne, l’écharpe et la plaque de grand aigle de la Légion d’honneur (promotion du 10 février 1805). - l’insigne l’écharpe et la plaque de dignitaire de la Couronne de fer italienne (promotion du 20 février 1806).


Historique :
« La pièce manquante »
Les portraits en pied de la famille impériale sont d’une grande rareté en mains privées.


Notre portrait est en fait l’élément manquant d’un triptyque :
- Le portait en pied de Pauline Bonaparte, Princesse Borghèse, par Kinson, connu par une photographie prise au début du XXe siècle et conservé à la Galerie Borghèse. Il s’agit du n°321 du salon de 1808 exposé par Kinson. Une réduction en buste de l’atelier du peintre est aujourd’hui conservée au Muséo Napoléonico de Rome.
- Le second élément de ce triptyque est le portrait du couple conservé au Museumslandschaft Hessen à Kassel. Le couple est y représenté dans un intérieur à l’antique : Pauline est assise dans la même pose et la même robe que son portrait « en pied » et Camille Borghèse dans une pose et un uniforme identique au notre. Le tableau n’a pas été fini, notamment dans les éléments de broderie du Prince ou le canapé sous lequel est assis la Princesse.
- Le portrait en pied du Prince, exposé par Kinson au salon de 1808 sous le n°322, que nous présentons.

La pose utilisée par Kinson est la même que celle utilisée pour le portrait de Jérôme Bonaparte et de son épouse Catherine de Wurtemberg (Châteaux de Versailles et de Trianon) : en pied, les jambes croisées, se reposant sur un élément du décor, la main tenant leur sabre (le sabre de Napoléon à Marengo pour Jérôme).


Œuvres en rapport :
- Portrait en pied de Pauline Bonaparte, Princesse Borghèse, conservé de la collection Borghèse.
- Portrait du Prince et de la Princesse Borghèse , Museumslandschaft Hessen à Kassel.
- Portrait assis de Pauline Bonaparte, Princesse Borghèse, Musée napoléonien de Rome.