La lumière s'éteint...

Par Aurélia Marceau, l'une des fille du Mime

Bip quitte la scène sur la pointe des pieds et rejoint les anges, son ombre silencieuse est désormais dans chaque recoin de ce qui lui a appartenu et de ce qu'il a créé... La patine du temps garde la trace sensible de lui même, de ce que son imaginaire a construit.

Si Marcel Marceau a été ce personnage capable de toutes les métamorphoses dans un espace vide, dépouillé, avec comme seul outil son corps, son visage, son regard et cette extraordinaire force de projection dramatique si singulière, capable de rendre palpable l'invisible comme un magicien, cet homme secret et pudique s'est entouré durant sa vie entière de quantités d'objets, reliques, masques, souvenirs tels la partie visible de son monde intérieur...

Connaissiez vous son visage ? Et ces traits de l'homme... impact troublant d'une histoire derrière un masque... double lecture subliminale lointaine et fusionnelle dont l'intensité du regard et l'humanité sont inscrits de façon indélébile dans le coeur et la mémoire de tous ceux qui en ont été frappés. Bip continue de vivre à travers ses peintures et ses dessins, prolongement de son art... Esquisses expressives, regards, visages plein de candeur ou de tristesse, magie des corps en apesanteur au milieu des astres eux aussi personnifiés: la lune, le soleil, les quatre éléments au milieu desquels l'âme humaine revêt les apparences de son personnage et de ses compagnons qui n'ont cessé de peupler ses rêves...

Que ton oeuvre devant se disperser, papa, trouve le chemin d'une constellation d'étoiles et qu'elle continue d'éclairer dans la nuit l'âme solitaire qui te regarde, émerveillée...