La collection Bruno Petitcollot prend le large

Publié par la Gazette Drouot

Le 23 avril, rendez-vous avec des instruments de navigation, des globes, des demi-coques et des maquettes, des dents de cachalot gravées... et des tableaux de Marin-Marie, dont l’expert avait contribué à valoriser l’œuvre.

Barbe de quelques jours, teint hâlé, voix rauque, démarche décontractée, Bruno Petitcollot ne cadrait pas vraiment avec l’image de l’expert que l’on croise à l’Hôtel Drouot. L’homme aux allures de vieux loup de mer était éminemment sympathique, et il suffisait de le voir à une terrasse des environs pour saisir qu’il aimait profiter de la vie. Quelques jours avant son décès, le 30 octobre dernier, à l’âge de 72 ans, il partageait avec son frère homard, huîtres et crevettes. Si l’on dit souvent que les études de droit mènent à tout, les siennes le conduiront à s’occuper d’enfants inadaptés en région parisienne. Puis le hasard s’en mêle, provoqué autant qu’il s’impose parfois... « Le métier nous est tombé dessus, comme pour notre père, qui, à quelques années de la retraite, réalise ce qu’il a toujours eu envie de faire et ouvre rue de Seine, une boutique d’objets de marine », raconte Jean-Yves Petitcollot, le cadet de Bruno. Constatant tout ce que l’activité peut avoir de passionnant, les deux frères se lancent à leur tour. Si la marine n’est pas une vocation, ils ne se voient pas vendre autre chose. Reprenant le modèle paternel, ils achètent de la marchandise en Angleterre et la revende dans le magasin qu’ils ont ouvert non loin de celui de leur père. Puis, ils jettent l’ancre à l’angle des rues de Beaune et de Verneuil. Heureuse époque pour les deux frères, qui font la connaissance d’un certain Olivier de Kersauson, ont « la chance folle » de participer à une Biennale des antiquaires et aux Cinq jours de l’objet extraordinaire du Carré Rive gauche, multipliant les salons. Quotidiennement, ils poussent la porte de l’Hôtel Drouot, qui a investi l’ancienne gare d’Orsay. À chacun toutefois son domaine de compétences : Jean-Yves achète les objets et les restaure, Bruno tient le magasin et assure les expertises. Une fois encore les choses se font naturellement. « J’étais bricoleur, lui pas du tout, je savais acheter alors qu’il se laissait trop souvent aller au coup de cœur », raconte Jean-Yves Petitcollot.