Van Dongen illustrateur


Publié par la Gazette Drouot

On en aurait presque oublié les débuts de l’artiste, dont les portraits d’élégantes en bord de mer ont fait la réputation. Ce dessin rappelle ses premiers pas comme illustrateur à L’Assiette au beurre.
Cette feuille est la version définitive destinée à la parution du 26 octobre 1901 de l’hebdomadaire satirique et fait partie des seize planches qu’il réalise pour ce numéro spécial titré Petite histoire pour petits et grands nenfants [sic]. Une jeune femme abandonnée avec sa fillette par son amant se voit dans l’obligation de se prostituer. Le déroulé de son destin est symbolisé par les annotations convoquant des fantômes marquant les différentes étapes de sa déchéance : l’abandon (ou le mépris), la pauvreté, la maladie et la mort. À son décès, sa fille adolescente se livrera au même commerce que sa mère, entraînée dans le tourbillon de la galanterie et perpétuant le destin tragique de chaque lorette. Une Belle Époque qui eut aussi ses aspects misérables… Formé à l’Académie royale des beaux-arts de Rotterdam, Van Dongen est attiré dès ses débuts par les milieux interlopes et le quartier rouge où il dessine des prostituées. Arrivé à Paris en 1899, il dessine plus qu’il ne peint et signe ses premières œuvres pour des journaux satiriques. Au premier rang desquels L’Assiette au beurre. Fondé par Schwarz, l’hebdomadaire paraît du 4 avril 1901 au 15 octobre 1912 avec seize illustrations, généralement à pleine page et pour une bonne moitié en couleurs, puis devient un mensuel avant de disparaître en 1936. Critique des mœurs, du colonialisme, des fonctionnaires, des militaires, du clergé, des classes dirigeantes, de l’argent… la revue est un laboratoire d’idées autant que de talents parmi lesquels Steinlen, Kupka, Caran d’Ache, Benjamin Rabier, Ibels, Poulbot, Anatole France, Léon Bloy, Octave Mirbeau, Juan Gris, Félix Vallotton ou Jacques Villon.