Collection de l’écrivain et critique d’art Frank ELGAR

Publié par Drouot

Le 27 mars à Drouot, la maison Tessier & Sarrou proposera aux enchères l’importante collection de l’écrivain et critique d’art Frank ELGAR. De son vrai nom Robert LESBATS (1889-1978), Elgar s’est entouré d’œuvres de son ami Fernand LÉGER (1881-1955), de livres modernes souvent dédicacés par les artistes concernés ou encore de sculptures africaines. Au total, 120 œuvres seront proposées.

Frank ELGAR, de son vrai nom Roger LESBATS (1889-1978)

Frank Elgar débute sa carrière journalistique en tant que rédacteur pour le Populaire de Nantes avant de se consacrer à l’activité de critique d’art. Il publie ainsi des ouvrages sur Vincent VAN GOGH (1853-1890), Paul GAUGUIN (1848-1903), Pablo PICASSO (1881-1973), Georges BRAQUE (1882-1963), Joan MIRÒ (1893-1983), Juan GRIS (1887-1927), Paul CÉZANNE (1839-1906), Piet MONDRIAN (1872-1944) et surtout Fernand LÉGER (1881-1955). Son amitié avec ce dernier lui permet de rassembler plusieurs œuvres de l’artiste dont une très belle toile représentant son épouse Marguerite Lesbats, offerte par Léger en 1949 (200 000 - 300 000 € ; illustrée ci-dessous). Elgar acquiert également une importante huile de 1939 intitulée Nature-morte aux trois fruits (600 000 - 800 000 €) accompagnée de son pastel préparatoire, puis deux aquarelles, une gouache, deux lithographies, une encre et enfin, une céramique.
 

Fernand LÉGER (1881-1955)
Portrait de Marguerite Lesbats, 1949
Huile sur toile | 46 x 38 cm
Estimation : 200 000 - 300 000 €

Journaliste passionné d’art et de littérature, Elgar réunit également au cours de sa vie un ensemble important de volumes d’art dont beaucoup sont dédicacés par les auteurs ou les artistes concernés. C’est notamment le cas de l’ouvrage qu’il consacre à Pablo PICASSO qui paraît chez Fernand Hazan en 1955, dans lequel le peintre croque le portrait d’Elgar en guise de remerciement (6 000 - 8 000 € ; illustré ci-dessous). De même, un  livre dédié à Georges BRAQUE est orné d’une aquarelle signée de l’artiste et d’autres sont dédicacés par Paul ÉLUARD et René CHAR. 


 
Son ouverture d’esprit l’inscite à s’intéresser aux peintres de son époque tels que Maurice ESTÈVE (1904-2001), Ernest PIGNON (né en 1942), Charles  LAPICQUE (1898-1988) ou Gérard SCHNEIDER (1896-1986), ainsi qu’aux sculpteurs, dont Baltasar LOBO (1910-1993). De cet artiste espagnol de la  nouvelle École de Paris, un Nu allongé fondu en bronze par Susse dans les années 1970 est estimé 8 000 - 12 000 € (illustré ci-dessous).


Elgar manifeste tout au long de sa carrière un intérêt prononcé pour le Cubisme. Dans une lettre adressée à Picasso, il écrit : « à la gravité de la discipline cubiste se substitue l’ironie, l’humour, la fantaisie des morceaux apportés par le hasard et rapportés avec désinvolture ». Le manuscrit du manifeste qu’Elgar consacre au mouvement sera inclus dans la vente pour une estimation comprise entre 500 et 800 €. D’autres pièces manuscrites seront présentées, à l’instar des correspondances échangées entre le critique et Nadia LÉGER, Maurice ESTÈVE ou encore René HUYGUES.


Elgar s’intéresse très tôt aux cultures archéologiques et primitives, tout comme d’autres artistes et intellectuels de cette époque : Paul Eluard, André Breton et Tristan Tzara. Le critique était un habitué des galeries de la Rive-Gauche telle que la Galerie Carrefour de Pierre Vérité, boulevard Raspail, où il pouvait à l’époque chiner des objets africains, océaniens, d’Amérique, d’Extrême-Orient et de l’Antiquité gréco-romaine. Ainsi, la vente compte un ensemble photographique important, un oiseau funéraire du peuple Jorai – Hauts plateaux du Vietnam – (estimation : 400 - 600 €) ou encore une élégante antilope Bamara (estimation : 300 - 500 €).