LA CHINE SUR UN PLATEAU

Publié par la Gazette Drouot

Une cloche rituelle, un plateau en laque, des bols en porcelaine et une peinture de paysage : voilà un résumé idéal du meilleur de la Chine d’hier.

Ayant tous deux resplendi en couverture de la Gazette, la cloche rituelle le 5 septembre (n° 29) et le plateau en laque le 13 décembre (n° 43), ces deux objets dus au talent des meilleurs artisans de la Chine impériale – dont la genèse et le parcours avaient été relatés – appartenaient aux temps forts de la semaine asiatique organisée à Drouot en décembre dernier. Le marteau d’ivoire frappait à 665 600 € sur la première avec délicatesse, en raison de sa grande fragilité, 384 000 € se déposant sur le second. Le succès de la cloche était écrit dans son histoire puisque l’objet, fondu sous le règne de Kangxi (1662-1722), était destiné à un orchestre pour célébrer les victoires militaires et les événements rituels.
Outre ses qualités intrinsèques, l’instrument bénéficiait d’une belle traçabilité de provenance... L’occasion de rappeler l’appétence des acheteurs chinois à rapporter des pièces essentielles de leur patrimoine, disparues voilà plus d’un siècle et depuis conservées à l’abri dans des collections privées, ce que la bataille ici engagée a de nouveau démontré.
Il s’agissait cette fois de celle de Robert de Sémallé (1849-1936), en poste à Pékin entre 1880 et 1884, dont les photographies prises sur place lors de cette période – et qui constituent un véritable témoignage d’un temps à jamais révolu – avaient déjà affolé les enchères au printemps dernier :
640 000 € couronnaient un ensemble de 439 négatifs au collodion sur verre et 245 760 €, trois albums renfermant  1 419 tirages (mêmes maison et expert,
voir Gazette n° 25 du 28 juin 2019, page 84). L’après-midi avait fort bien débuté avec une encre polychrome sur soie (54 x 117 cm) du XVIIIe siècle sur laquelle se tenait une réunion au pavillon des Orchidées, et qui recueillait 102 400 €. Le sujet est extrait de la fête du Printemps de 353, au cours de laquelle plusieurs lettrés se sont livrés à un concours de boisson ! Il se concluait de la même manière, une paire de bols (h. 5 cm, diam. 10 cm) en porcelaine d’époque Yongzheng (1723-1735), d’un bel émail jaune incisé sous couverte d’un décor de dragons et de phénix dans les nuages, s’élevant à 153 600 €.