Collection Liebermann, des tsubas et des hommes
Publié par la Gazette Drouot
La rentrée sera marquée à l’Hôtel Drouot par la vente d’une collection exceptionnelle de près de 220 tsubas rassemblés par le collectionneur et globetrotter Patrick Liebermann.
C’est le panorama d’un art peu connu qui s’offrira aux visiteurs en septembre prochain. Les tsubas – les gardes des sabres des samouraïs japonais – sont souvent aussi travaillés et ornés que l’arme qu’ils accompagnent. Adoptant des formes diverses, réalisés dans plusieurs matériaux – fer, suaka (un cuivre très pur), shakudo (alliage de cuivre et d’or) –, ils sont l’œuvre d’artisans qualifiés issus de différentes écoles et furent produits de l’époque de Muromachi (1336-1573) jusqu’au XXe siècle. La majorité des pièces présentées au catalogue ont été acquises au Japon par Patrick Liebermann (1948-2023). C’est à la faveur de son premier voyage dans l’archipel en 1970 qu’il entre en possession de son premier tsuba, sur un coup de cœur, sans connaître la nature exacte de l’objet. En amoureux de la nature, il a privilégié les sujets animaliers, à l’instar de cette garde de sabre figurant un singe essayant d’attraper un poulpe à l’aide d’une corde.
Sa collection, constituée au fil des décennies, est le reflet de ses choix et de ses goûts. Plus qu’une école ou un nom, il se focalisait sur un thème. Ainsi, nombre des pièces présentées s’inspirent-elles du mont Fuji, quand d’autres sont axées sur des épisodes de la vie quotidienne ou mettent en valeur la calligraphie ou les animaux mythiques. Un florilège de la collection de Patrick Liebermann avait été mis en valeur à la faveur d’une exposition à la bibliothèque universitaire de Strasbourg en 2022. Disparu à l’automne dernier, le collectionneur avait dans un premier temps décidé de faire don de ses tsubas à un musée. Finalement, il a choisi de les soumettre aux enchères, afin que les objets réunis une dernière fois, et bientôt séparés, continuent leur existence chez d’autres collectionneurs animés par la même fascination du Japon. Élément constitutif et primordial du sabre japonais sans être pour autant le plus visible, le tsuba symbolise le soin infini apporté par les artisans à chaque étape de la création d’une nouvelle arme. Porteur d’un message, chargé de référence, le tsuba leur fourni l’occasion de faire montre de l’étendu de leur talent sur une pièce d’à peine quelques centimètres.