Publié par la Gazette Drouot

Dimensions, qualité d’exécution et bien sûr célébrité du modèle sont parmi les atouts de ce portrait réalisé par Karl Anton Hickel.

Le regard perdu au-delà du spectateur, Marie-Thérèse de Savoie Carignan se doute-t-elle en 1788 du sort tragique qui sera le sien lors de la tourmente révolutionnaire ? Amie de la dauphine devenue reine, qui la nomme surintendante de sa maison, elle est supplantée par la duchesse de Polignac dans l’affection de la souveraine. Demeurée dévouée à Marie-Antoinette, elle est incarcérée à la prison de la Force avant d’être tuée durant les massacres de septembre 1792. Ce portrait est connu par une gravure, et par une autre version peinte, exécutée la même année, de plus petites dimensions (66 x 44 cm). Cette dernière appartient à la famille princière de Liechtenstein et est conservée au palais du même nom, à Vienne.
La représentation que donne Karl Anton Hickel de l’aristocrate à son bureau, la plume à la main, est tout en délicatesse, qu’il s’agisse du rendu des tissus, du vase en cristal d’où s’échappent quelques fleurs, du mobilier, ou de la palette de tons brun et crème. Né à Ceska Lipa (actuelle Tchéquie), formé à l’Académie des beaux-arts de Vienne, Hickel devient portraitiste itinérant à partir de 1779. Il passe beaucoup de temps à Munich, parcourt le sud de l’Allemagne, la Suisse, séjourne à Mannheim et Mayence, avant de devenir le peintre officiel de la cour de Joseph II, empereur du Saint-Empire. Entre 1786 et 1789, il travaille à Paris, où il bénéficie de la protection de Marie-Antoinette et de Marie-Louise-Thérèse de Savoie, princesse de Lamballe. Quittant la France au début de la Révolution, le peintre s’établit à Londres où il poursuivit une brillante carrière de portraitiste.


Karl Anton Hickel (1745-1798)
Portrait de Marie-Thérèse de Savoie Carignan, princesse de Lamballe, 1788
Huile sur toile, 192 x 128 cm.
Estimation : 30 000 / 50 000 €

VENDREDI 29 MARS, SALLE 6 – HÔTEL DROUOT.
TESSIER & SARROU ET ASSOCIÉS OVV. M. MILLET.