Émile Gallé, le japoniste
Publié par la Gazette Drouot
Pour ce vase, le botaniste devenu verrier s’est inspiré de l’art délicat de la vannerie japonaise pour l’ikebana.
Vouant un culte à la flore, qui a été l’une de ses grandes sources d’inspiration, Émile Gallé n’a pu rester insensible aux compositions florales de l’art japonais, que l’Europe découvre au milieu du XIXe siècle. Sensibles eux aussi à la nature, les artisans du pays du Soleil-Levant ont poussé le raffinement jusqu’à tresser les fibres végétales en forme de paniers, pour accueillir harmonieusement les arrangements de fleurs accompagnant la cérémonie du thé. Sous l’ère Meiji (1868-1912), des maîtres vanniers renouvellent cet art traditionnel au point de devenir de véritables artistes. Gallé s’en fait l’écho avec ce vase, reproduisant dans le verre l’une des formes de leurs paniers. Takashima Hokkai (1850-1931), de son vrai nom Tokuzo, a nourri l’inspiration du verrier, qui fait sa connaissance en 1886. Étudiant à l’École forestière de Nancy – aujourd’hui l’École nationale des eaux et forêts – entre 1882 et 1885, et peignant des paysages de montagne, le Japonais l’a éclairé sur la flore de son pays et les raffinements de sa culture. De ces échanges est né un verre sombre comme l’encre de Chine. Gallé a poussé la virtuosité jusqu’à lui donner un effet évoquant l’usure du bambou, due au frottement sur le cerclage saillant du vase, et sur sa base. Élevé pour produire la soie, le bombyx ornant sa panse est une autre référence à l’Asie. Le symbolisme est dans le détail.