Terre de feu


Publié par la Gazette Drouot

Présenté au Salon des artistes indépendants à Paris en 1888, l’année suivante à celui des XX à Bruxelles, ce paysage d’Henri-Edmond Cross témoigne de son goût pour les couleurs du Sud.

« Dans ses yeux pâles d’homme du Nord, tout le lumineux Midi étincelait », écrit Maurice Denis au sujet de Cross et de ses audaces colorées. Sous le soleil de la Provence – dont il avait aperçu les couleurs lors d’un premier voyage à Monaco vers 1883, et où il s’établira pour des raisons de santé –, le peintre né à Douai délaisse les exigences du divisionnisme de ses débuts pour le « style de la couleur pure », auquel Denis fait référence. Pour preuve, cette toile à la palette intense, à la végétation saturée de soleil. Figée par la chaleur, la nature semble retenir son souffle et aucun promeneur n’imaginerait s’aventurer dans ce dédale de pierres brûlantes. Si ce n’est Cross, dont la découverte de la peinture claire de Manet l’a encouragé à effectuer ses premiers essais en plein air. Jusqu’à sa mort, il ne cessera d’exprimer son affection pour les couleurs chaudes du prisme. « Je crois avoir fait un pas vers les charmes de la pure lumière », écrivait-il à Paul Signac à la fin de l’année 1891. Installé dans une petite maison qu’il a fait construire près de Bormes-les-Mimosas, il vit en communion avec la nature, dont il révèle le foisonnement. Du 10 juillet au 14 novembre, le musée de l’Annonciade à Saint-Tropez consacrera une exposition à son œuvre. Joie !