Œuvre de mémoire
Publié par la Gazette Drouot
Récemment redécouverte, cette peinture de François Gérard représentant un jeune militaire de l’épopée napoléonienne a séduit plus encore qu’attendu.
Tout ou presque a déjà été écrit dans nos pages (voir Gazette n° 39, pages 8 et 14) au sujet de ce bel inconnu qui nous donne son nom, Charles Ferdinand Théodore de Vassinhac d’Imécourt (1785-1807). Récemment redécouverte et à juste titre très attendue, cette peinture de François Gérard a tenu ses promesses en quintuplant l’estimation à 1 472 000 €.
Ce résultat signe un nouveau record français (source : Artnet) pour le peintre, valant au jeune homme de gravir la troisième marche sur le podium mondial de son auteur. Visiblement, la postérité lui est plus favorable que sa courte existence et, en s’affirmant comme un maillon manquant de son corpus, donne raison à l’artiste de ne pas l’avoir figuré en militaire ! Si c’est en tant que tel qu’il s’est distingué, rejoignant à 20 ans tout juste l’armée napoléonienne – où il connaît un avancement rapide et prometteur –, c’est aussi ce qui conduisit à sa mort prématurée, le 13 avril 1807, lors du siège de Dantzig. Sa famille, en commandant son portrait à l’un des plus célèbres maîtres dans cet exer- cice, a voulu conserver le souvenir de ce jeune frère souriant à la vie, élégant en habit de ville. Et c’est bien ainsi qu’il touche aujourd’hui encore. Lorsqu’il l’exécute, en 1808, François Gérard est un peintre très en vue. Ses premiers portraits lui ont tout de suite valu une reconnaissance officielle grâce à leur élégance et leur finesse psychologique et, dès 1800, Bonaparte lui confie des commandes. En 1805, il fixe l’image de l’Empereur en costume de sacre et devient dès lors le portraitiste attitré de la famille impériale. D’un genre ayant tout du protocolaire et compassé, il fit, grâce à la souplesse de ses lignes, la richesse des coloris et la variété des décors – installant ses modèles dans leur cadre de vie –, des tableaux échappant à la rigidité des effigies officielles : du grand art. Étonnamment, la chute de l’Empire n’eut que peu de conséquences sur sa carrière, Gérard devenant premier peintre de Louis XVIII avant de recevoir, en 1819, le titre de baron. Il méritait bien l’appellation donnée par ses contemporains de « peintre des rois et roi des peintres » !
François Pascal Simon Gérard (1770-1837)
Portrait de Charles Ferdinand Théodore de Vassinhac d’Imécourt
Huile sur toile
210 x 135 cm.
Adjugé : 1 472 000 €
VENDREDI 16 DÉCEMBRE, SALLE 4 – HÔTEL DROUOT.
TESSIER & SARROU ET ASSOCIÉS OVV. M. MILLET.