La porte étroite


Parvine CURIE (1936)
La porte étroite, 1992
Pierre de Chauvigny, signée sur une face
55 x 32 x 44 cm


Parvine Curie aborde l’escalier d’une façon originale avec Personnage escalier intérieur et La Porte étroite. Cette dernière résume ses hantises : l’escalier pour l’ascension, l’intérieur protégé dans un jeu d’ombre et de lumière, le passage difficile, puis au-delà l’inconnu. C’est une des rares sculptures en pierre claire. L’artiste l’avait entrevue dans un rêve lui rappelant la lumière éclatante aperçue lors de son accident à Barcelone en 1957.

Elle pratique des brèches, aménage des vides, déploie une circulation entre les volumes pleins. Ainsi la puissance expressive des formes sculptées — ou assemblées dans les collages — vient de la contention, de la retenue de l’énergie capturée dans ces vides. Et on sait bien, c’est le cas dans la calligraphie chinoise, que c’est de la qualité et de la force de ce vide que dépend la pertinence des équilibres des volumes pleins. Tout tient par le vide.
Les vides prennent d’autant plus de sens — un sens allégorique — que cette oeuvre est majoritairement faite de volumes pleins, souvent imbriqués. Le vide (Habitacle-Mère ; Mère-labyrinthe, 1972 ; Château de l’âme, 1981) n’est pas un rien mais un espace où la lumière s’insinue, met les volumes en exergue. Cette ouverture pratiquée dans la masse de la sculpture constitue un passage qui renvoie au caractère transitoire de notre vie sur terre. Il raconte aussi le parcours nécessaire pour parvenir au rien. Il décrit le cheminement méditatif qui conduit au dépouillement. L’escalier que l’on retrouve fréquemment esquissé dans la sculpture de Parvine Curie, illustre aussi l’attente, la progression, le questionnement. Vers quoi vont ces degrés ? L’escalier fonctionne plutôt comme une figure allégorique du doute et de la nécessité de ce doute. De même, le choix de la figure du monastère comme lieu de réclusion et de méditation souligne un intérêt marqué de l’artiste pour l’ascèse, pour le silence. La pratique du silence prépare au silence infini qui attend chacun d’entre nous.