Une vie paisible

Julien Gracq (1910-2007)
Au château d’Argol, José Corti Paris s.d. (1938), édition originale, tirage limité dans son ensemble à 1 500 exemplaires (dont 3 sur Alfa bouffant) imprimé par la Technique du livre Paris XIVe, envoi autographe signé à sa sœur en page de faux-titre et daté, une photo ; reliure in-12 plein maroquin.

 

Publié par la Gazette Drouot

Certains le disent aussi moins violent, moins transgressif, plus paisible ; Gracq a pourtant livré la traduction de la pièce de théâtre de Heinrich von Kleist, Penthésilée, en 1954 aux éditions José Corti (800 / 1 000 €, un exemplaire spécialement imprimé pour sa sœur, Suzanne Poirier). L’opéra, notamment wagnérien, et le théâtre font partie des premiers émois artistiques de l’homme. Il s’essaya lui-même à l’exercice, en toute discrétion, avec notamment une ébauche précoce (1920-1930), manuscrite, d’une pièce intitulée Somnium Scipionis ou quatre cavaliers de l’Apocalypse, restée inédite (5 000 / 6 000 €). L’ancrage familial est fort chez Gracq, esprit casanier attaché à sa maison d’enfance qui jouxte la Loire. Il restera toute sa vie très proche de son aînée, avec laquelle il parcourt la France en 2 CV et dispute des parties d’échecs. Il est décrit comme un ours solitaire, un célibataire endurci. S’il protège farouchement sa vie privée et n’ouvre sa porte qu’avec parcimonie, sa relation avec Nora Mitrani ne passera pas totalement inaperçue. Ancienne compagne et muse d’Hans Bellmer, la sociologue est la seule amante connue de Julien Gracq. Leur correspondance (20 000 / 30 000 €) dévoile aussi les souffrances de celle qui sera emportée par un cancer à l’aube de ses 40 ans, en 1961. Sans préjuger de l’impact de cette disparition sur l’écrivain, on sait que celui-ci abandonnera l’écriture de fiction à partir de 1970 au profit de réflexions sur la littérature et de méditations géographiques, écrites à la plume, refusant ainsi autant la compagnie des hommes.

 

LOT n°1

Julien GRACQ / Louis POIRIER

Au château d'Argol. José Corti Paris s.d. (1938). E.O. dont il n'a été tiré que 3ex. sur Alfa Bouffant. Tirage limité dans son ensemble à 1500 ex, l'un de ceux-là, qui appartient bien au premier tirage : imprimé par la Technique du livre Paris XIVe.
Envoi autographe signé à sa soeur en page de faux-titre et daté « Janvier 39 / Pour Suze / Fraternellement / Julien Gracq ».
Exemplaire truffé d'une photo argentique représentant le portail de l'enclos paroissial devant l'église St Pierre et St Paul à Argol (Finisterre). Tampon «velox» au dos, 8,8 x 6,4 cm, noir et blanc. Petite note manuscrite de Gracq «Argol - août 1953 - à défaut du « château »...».
Reliure in-12 plein maroquin prune, dos à 4 nerfs, lettrines or, tête dorée, contre-plats à encadrement de quadruple liseré or, couvertures conservées sans le dos, intérieur frais, sous étui plein papier. 
 

 
 Fiche détaillée 

Premier roman de l'auteur et selon Breton premier véritable roman surréaliste tel qu'il rêvait qu'il en existe un jour.
Refusé par Gallimard, accepté par José Corti. Gracq dut participer aux frais d'édition.




Julien Gracq en 5 dates

1910
Naissance de Louis Poirier à Saint-Florent-le-Vieil

1938
Parution de son premier roman, Au château d’Argol, avant l’adoption d’un pseudonyme littéraire

1951
Prix Goncourt (refusé)

1970
Professeur invité à l’université du Wisconsin

2007
Mort, à Angers le 22 décembre