L’ATLAS, UN DIEU DES MERS

Publié par la Gazette Drouot

Les atlas, les globes et les cartes se mettent à rivaliser d’ingéniosité et de précision. Les explorateurs portugais mettent au point la navigation astronomique. Gerardus Mercator (1512-1594), scientifique flamand, élabore en 1569 une projection permettant de conserver, sur une carte plane, les angles conformes mesurés par rapport à l’Équateur. La cartographie moderne est née, et avec elle, la possibilité d’envisager la navigation au long cours. Dans ce domaine, un nom reste gravé, celui de l’éditeur amstellodamois Willem Janszoon Blaeu (1571-1638). Son Atlas Maior, publié entre 1662 et 1672, est une référence absolue. Trois cents exemplaires en cinq langues (hollandais, latin, français, espagnol et allemand) seront édités, comprenant pas moins de six cents planches. Nombre de cartographes vont s’en inspirer. Parallèlement, les progrès de la construction navale lancent les caravelles à l’assaut des océans. Ces navires à trois mâts, qui combinent des voiles latines (triangulaires) et d’autres carrées, sont maniables, longs, légers et donc rapides. Leur conception doit beaucoup à Henri le Navigateur (1394-1460), prince du Portugal et fondateur, à Sagres, d’une école d’étude de la géographie et de l’art de manœuvrer un navire. Jamais le monde n’a semblé si accessible. Puis vient l’astrolabe, le « preneur d’étoiles », qui permet le calcul de la latitude en pleine mer, à toute époque de l’année. Très utilisé dans le monde arabe à partir du VIIe siècle, il est le principal instrument de navigation jusqu’à l’apparition du sextant. Estimé 30 000 à 40 000 €, un très beau modèle datant du début du XIVe siècle s’est envolé à 312 480 € chez Tessier & Sarrou le 2 février dernier. Cette jeune maison de ventes reprend la spécialité des vacations thématiques lancées par son prédécesseur, Me Néret-Minet. Elle n’est pas la seule...


Les rendez-vous d’enchères estampillés « Marine & Sciences » fleurissent sur le territoire français, tout particulièrement à la veille de la période estivale. Le 17 juillet 2010, la dispersion des collections du musée de la Citadelle Vauban, à Belle-Ile-en-Mer, a attiré des foules d’amateurs et enregistré de beaux résultats, notamment pour les maquettes de voiliers célèbres (Piasa). Les boussoles sont elles aussi un nouvel élément. Une fois encore, ce sont les Arabes qui les font découvrir en Occident. Revenant de l’Orient lointain au tournant du premier millénaire, ils initient Génois et Vénitiens, qui mettent au point leurs propres instruments. La première boussole ayant l’aspect de celle d’aujourd’hui est due au Portugais Ferrande, et date de 1483. Très souvent, elles sont placées au centre de cadrans solaires, qui combinent esthétique et technique. Ce sont des pièces indispensa- bles à toute collection sur le thème de la marine. Chose aisée, car elles sont fréquentes en salles de vente, avec des enchères allant de quelques centaines d’euros pour les modèles les plus simples jusqu’à quelques milliers pour les plus élaborés. Des centres européens du travail de l’ivoire se spécialisent dans leur fabrication au XVIIe siècle. Chez Kapandji Morhange, deux exemples en ont été présentés, le 20 mai dernier : 3 150 € revenaient à celui attribué à Charles Bloud de Dieppe et 7 056 €, au modèle de Hans Tucher, un nom célèbre de Nuremberg. Avec l’avènement de la Renaissance, les Occidentaux retrouvent le goût de la géographie, science perdue depuis l’Antiquité et Ptolémée. L’homme n’est pourtant pas encore prêt à entendre que non seulement la Terre est ronde, mais qu’elle n’est pas non plus le centre de l’univers. Nicolas Copernic meurt en 1543, sans avoir pu convaincre que les planètes gravitaient autour du Soleil. Au XVIe siècle, ses idées circulent en cachette et séduisent de grands esprits. En 1609, Galilée observe avec une lunette des lunes tournant autour de Jupiter, donnant raison au savant polonais. La révolution scientifique est en marche...