Un vent d’aventure souffle sur les enchères

Publié par la Gazette Drouot

Lorsque la science se met au service de la marine, cela donne des objets phares et convoités, placés sous le signe de la rose des vents.

Le 4 juillet dernier, l’arrivée de l’Hermione dans la baie de New York, illuminée par un feu d’artifice, a marqué les célébrations du jour de l’indépendance des États-Unis. Consécration d’un vaste chantier patrimonial de près de vingt ans, qui aura mobilisé plus de cinq mille personnes, la reconstruction de l’altière frégate du marquis de La Fayette et son lancement, le 18 avril dernier, invitent à un regard sur la marine d’hier. Marine et sciences sont indissociables, et les passionnés l’ont bien compris ! Sans les progrès fulgurants accomplis à la fin du Moyen Âge, jamais les grandes découvertes n’auraient été possibles. Les marins de tout temps, ceux auxquels l’histoire tresse des couronnes de gloire – les Magellan, Vasco de Gama, Jacques Cartier et Christophe Colomb –, doivent une fière chandelle à tous ces scientifiques dont les noms ne sont pas passés à la postérité et qui, dans le calme de leurs ateliers et laboratoires, ont étudié, tracé, se sont trompés, recommen- çant sans cesse jusqu’à trouver la voie.
Les cartes sont les pièces essentielles à tout grand voyage, et mettre la Terre à plat a été l’une des grandes préoccupations de l’homme... Depuis l’Antiquité et jusqu’à la fin du XIIIe siècle, les navigateurs doivent se contenter d’instructions nautiques des plus sommaires. L’expansion du commerce maritime, gagnant en rapidité en dépit des dangers, fait naître le besoin d’une cartographie. L’apparition des premières cartes nautiques, nommées « portulans », est une petite révolution. Leurs relevés, assurés par cabotage à partir d’une série de mesures visuelles, ne manifestent aucune ambition d’exactitude topographique ni d’échelle. Il s’agit simplement de présenter tous les détails d’une côte, avec les écueils et les phares. Mais c’est un début, et au XIVe siècle, elles sont considérées comme secrets d’État au Portugal : les pilotes qui les divulguent sont tout bonnement condamnés à mort ! Évidemment rares sur le marché, ces cartes manuscrites, joliment enluminées de roses des vents déterminant le cap à suivre et coloriées, sont recherchées par les amateurs.