Pensées éphémères


La poésie du quotidien

Les anciens lettrés conféraient à certaines pierres (gongshi) des vertus stimulantes pour l’esprit, elles avaient toutes leurs propres personnalités ; certains affirment même que la pierre choisie son propriétaire, elles sont de toute taille et l’on en trouve sur les bureaux des poètes comme dans les jardins impériaux.

Quel audacieux rapprochement entre la pierre de pensée, unique objet naturel, noble, solide, pratiquement immortel et le sac plastique, banale, à la fois fragile et dur à la destruction dont les formes travaillées sont si éphémères se modifiant au moindre souffle.

On a peine à croire que de vulgaires sacs plastiques puissent se muer en d’élégantes formes fantomatiques. C’est pourtant ce que l’on découvre avec cette exposition de Huang Xu, dont les photographies, semblables à des peintures, parviennent à sublimer ce matériau, symbole de consommation humaine, lui insufflant une aura poétique pleine de grâce.

Sans retouche, au naturel, les formes se rencontrent et s’emmêlent dans des danses légères et majestueuses. Aérien, flottant dans le néant, le banal matériau trouve ici ses lettres de noblesse. Ses ondulations libératrices confèrent aux œuvres une dimension musicale, quasi lyrique, une esthétique hors du commun à la gloire du rebut et de la poésie quotidienne.