JANINE SALADIN, SON ÉCRIN DE BIJOUX DE BELPERRON

Publié par Drouot

BILAN 2020

Cet écrin évoque la rencontre entre deux fortes femmes : la première, une des rares femmes entrées dans la haute administration, la seconde, créatrice de bijoux dans une profession dominée par les hommes.

Janine Saladin (1920-2019) et sa sœur aînée Gilberte (1914-2002) ont parcouru le XXe siècle dans une vie commune consacrée à la passion
du beau. Gilberte est déjaà pharmacienne au moment où Janine se lance dans les lettres et l’enseignement d’abord, puis le droit. Dès la création de l’IAE-Paris, par Gaston Berger et Robert Goetz Girey, elle s’inscrit au Certificat d’aptitude à l’administration des entreprises et en sort diplômée en 1956 dès la première promotion. Attirée par la haute administration publique, Janine Saladin devient l’assistante de Raymond Marcellin, alors secrétaire d'état à la Fonction publique et à la Réforme administrative du gouvernement Félix Gaillard, et elle y vit les derniers moments de la IVème République. Elle prend alors une poste de sous-direction au ministère des Finances, dans le domaine bien particulier des assurances de guerre et de la réassurance maritime. Rare femme à occuper des fonctions réservées alors à l’élite masculine, elle doit, pour s’imposer, faire preuve d’un caractère bien trempé. Par ailleurs, elle se nourrit d’opéras et de musées, et voyage avec Gilberte, faisant de luxueux et fréquents séjours à Florence, Venise, ou Vienne, ou pour collectionner des porcelaines ou bibelots de valeur. Elle montre dès cette époque un goût particulier pour les bijoux. Les parents de Janine et Gilberte décèdent au début la guerre ; la nécessité de sauvegarder le produit de plusieurs héritages successifs conduit les deux jeunes femmes à se rapprocher de Suzanne Belperron et à en devenir clientes. Non pas par hasard : le lien s’est fait par l’épouse d’un oncle, qui jus- tement travaillait pour Jean Herz et Suzanne Belperron. Par la suite, cette relation perdurera aussi souvent que les finances de l’une et de l’autre le permettront. À cette époque, Suzanne Belperron a déjà fait ses preuves entant que créatrice de bijoux indépendante et reconnue pour son style inimitable. Née en 1900 à Saint-Claude dans le Jura, Suzanne Vuillerme obtient, avec une « une montre pendentif en or jaune, décor champlevé, émaux blancs et noirs, pendant orné », le premier prix du concours des Arts décoratifs de 917-19189 de l’école des beaux-arts de Besançon. En mars 1919, elle est engagée en tant que modéliste-dessinatrice par Jeanne Boivin, veuve de René Boivin et sœur de Paul Poiret. En 1924, elle épouse Jean Belperron, ingénieur de profession ; dorénavant, elle sera connue sous son nom d’épouse. À cette époque, les créateurs des maisons de joaillerie restent anonymes. Très rapidement, Suzanne décide de pouvoir signer ou au moins être reconnue comme la créatrice de bijoux. En mars 1932, sollicitée par Bernard Herz, Suzanne Belperron devient « directrice artistique et technique exclusive, unique et reconnue » de la maison Herz. Une association à laquelle elle restera fidèle à travers toutes les vicissitudes de l’Occupation. Suzanne prend le soin de connaître chacun de ses clients, prenant plusieurs rendez-vous avec la personne afin de proposer un bijou, seyant au mieux sa personnalité. Elle propose à sa clientèle prestigieuse des bijoux nouveaux, avec des lignes et des volumes qui lui sont propres ainsi que de nouvelles matières. À l’instar de Lalique et, plus tard de Jean Vendôme, elle choisit de travailler des pierres non précieuses comme la citrine, l’agate, le cristal de roche. Elle s’inspire beaucoup de l’Antiquité, et voyage notamment en Égypte qui lui inspire une ligne de bijoux dont sa fameuse bague casque.