Elgar et Léger : une histoire de regards


Publié par la Gazette Drouot

Le critique d’art Frank Elgar a réuni une collection nourrie de ses rencontres et de ses coups de cœur, notamment avec Fernand Léger. Parmi ce riche ensemble, voici quelques morceaux choisis à la loupe. 

Le XIXe siècle va bientôt s’achever lorsque, le 20 juillet 1899, Roger Lesbats, qui se fera connaître sous le pseudonyme de Frank Elgar, voit le jour. Il s’y intéressera donc assez peu, se concentrant sur la création artistique du XXe, une époque foisonnante qu’il allait mordre à pleine plume. Sa carrière de journaliste démarre à Nantes en tant que rédacteur pour Le Populaire et animateur de la revue Nantes le Soir. C’est parti, il ne cessera plus d’écrire ! Le 21 juin 1978, Le Monde, apprenant son décès, lui consacrait un article. On pouvait y lire que cet « homme sympathique mais bougon », critique de très longues années au Parisien libéré, après avoir collaboré à l’hebdomadaire Carrefour, défendait «d’une plume compétente et sensible les artistes avancés de l’époque : Tal Coat, Pignon, Poliakoff, Music… », ce qui ne l’empêchait pas « dans ses pages hebdomadaires de mener de retentissantes polémiques contre ce qu’il considérait être l’anarchie en peinture ». Doté d’une forte culture humaniste, Elgar écrivait aussi pour les éditions Hazan des ouvrages sur Picasso, Van Gogh, Braque, Miró et Léger. C’est cette histoire partagée avec l’art d’une époque passionnante qui arrive aux enchères. Un temps d’échange qui s’apprête à se poursuivre. À Fernand Léger, cet «homme qui peignait tout le long du jour. Et qui rêvait du divorce de la couleur et du dessin» (selon les mots d’Aragon), il vouait une amitié – une ferveur ? – toute particulière. Sa collection est d’ailleurs un véritable « festival Léger » ! S’il est difficile de dater précisément la rencontre entre ces deux personnalités, qui avaient de multiples raisons de se fréquenter, on peut la situer dans l’immédiat après-guerre.