Frank Elgar (1899-1978)


Né à Blaye, dans la Gironde, France, le 20 juillet 1899 et mort en 20 juin 1978, Frank Elgar, de son vrai nom Roger Lesbat, est un journaliste et critique d’art français.

Il commence sa carriere en tant que rédacteur pour Le Populaire de Nantes et animateur de la revue Nantes le Soir. Il est plus tard secrétaire général de la rédaction du Populaire de Paris.

Avant d’etre le critique du Parisien libéré, Frank Elgar avait collaboré à l’hebdomadaire Carrefour. Il a été aussi gérant de la revue de cinéma l’Objectif.

C’est apres l’occupation qu’il se fait surtout connaitre sous son pseudonyme de Frank Elgar. Pendant la montée de l’art abstrait, il lui arrivait, dans ses pages hebdomadaires, de mener de retentissantes polémiques contre ce qu’il considérait etre l’anarchie en peinture. Cela ne l’a pas empeché de défendre d’une plume compétente et sensible les artistes avancés de l’époque Tal Coat, Pignon, Poliakoff, ... Dans cette meme veine, témoignant d’une culture humaniste et d’un engagement pour une peinture d’expression sensuelle et poétique, Frank Elgar écrivait pour les éditions Hazan des ouvrages sur Picasso, Van Gogh et Fernand Léger. Chez le meme éditeur, il contribua largement à la rédaction de son grand Dictionnaire des peintres. 

Admirateur du cubisme et des arts premiers, il fut l’un des grands amis et critique d’art de Fernand Léger.


Pour Frank Elgar, Fernand Léger est : ce primitif des Temps Modernes, qui a du attendre longtemps la place lui revenant.
Un homme parmi les autres hommes et comme tous les autres hommes que rien ne distingue de ses contemporains mais qui le distingue des autres artistes. Par la maniere d’etre, l’oeuvre ac­complie, la notoriété acquise, les maitres de l’art finissent par prendre la taille d’un héros ou d’un dieu. Léger, lui, n’est ni un héros, ni un dieu. Pareil aux paysans qui retournent la grasse terre de sa Normandie natale, ou bien à ces fiers com­pagnons qui triment à l’usine et au chantier, il pourrait manier aussi bien le pic ou la hache que le pinceau. Un ouvrier de la peinture, voilà ce que serait, Léger, s’il n’avait inventé lui-meme ses outils.
Trop humain pour etre humaniste, ce plébéien, qui a si souvent puisé son inspiration dans le monde du travail, n’a ja­mais dénoncé dans son art l’injustice sociale, ni appelé à la révolte, lorsqu’il la ressentait dans son coeur.
Est-ce à dire que Léger soit un classique au sens historique du terme ? Il n’est pas allé à l’E­cole, il n’est pas entré dans les musées, il n’a jamais copié quelque tableau de maitre, il n’a jamais eu à combattre les influences du passé ni l’obsession de l’exemple 
Nul n’a mieux su voir que Léger la place éminente de la couleur dans le monde d’aujourd'hui. Autant de contrastes violents qui refluent dans la peinture de Léger et y détermineraient une insupportable cacophonie, s’il ne les pliait à sa volonté et à son style. Cette couleur, il ne la mélange jamais, il l’emploie pure et en larges aplats, il la dissocie meme de la forme, la rendant ainsi à sa destinée propre. Et c’est ainsi que, par accords et opposi­tions, mouvements d’avance et de recul de tons, Léger a créé un nouvel espace. Léger parvient à tout concilier grace à une distribution exacte des cou­leurs, des rythmes, des pleins et des vides, grace encore aux lignes qu’il faufile à travers la composition et dont il ourle les bords. La formule d’un critique littéraire pourrait ainsi s’appliquer à Léger : Composer l’ordre avec l’anarchie.

De son amitié avec Fernand Leger, Frank Elgar reçut en cadeau le portrait de sa femme  Marguerite Lesbats vendu sous le numéro 71 de notre vente.